du numéraire, durent faire appel à des artistes primitifs.
Ces derniers, dépourvus de tout esprit d ’invention, trouvèrent
alors commode de copier les monnaies que le
commerce faisait affluer parmi leurs concitovens.
La proximité de l’Angleterre et des Pays-Bas, les relations
commerciales suivies entre les deux contrées, la
beauté et l’excellent aloi de certaines espèces britanniques
qui en avaient fait des monnaies universellement
répandues et recherchées, furent souvent les raisons qui
amenèrent les seigneurs et les villes libres du continent,
et surtout des Pays-Bas, à prescrire à leurs monnayeurs
de copier, tout en en diminuant la valeur intrinsèque, des
pièces qui jouissaient d’une circulation si avantageuse.
La première monnaie anglaise dont on trouve des
imitations aux Pays-Bas est de
H e n r i III (1216-127 2).
Ce souverain, le premier qui, après la conquête,
frappa de l ’or en Angleterre, émit, de 1248 à 1272, des
pennies à la tête couronnée de face «vec main tenant le
sceptre. La légende est :
^ a r i R i c c ’ r g ; & • n i o u r r s R e c i
Le revers présente une longue croix double aux extrér
mités bouletées, coupant la légende et portant dans
chaque canton un groupe de trois globules. L’inscription
donne, en général, le nom du monnayeur et celui
de l’atelier dont est sortie la pièce.
Cet esterlin, qui eut un cours assez étendu, fut imité
principalement en Allemagne (1).
(1) Voir pour les esterlins copiés d ’après ceux des rois d’Angleterre,
Henri III (1216-1272) et Edouard I (1272-1307) les Monnaies au type ester-
lin frappées en Europe pendant le XIIIe et le XIVe siècle, par J . C h a u t a r d
(Nancy, 1871.)
Il fut copié aux Pays-Bas par Renaud I (?), comte de
Gueldre ( 1 2 7 1 - 1 3 2 6 ) , qui ne plaça pas son nom sur ces
copies frappées à Arnhem et par les seigneurs de Cunre
(Kuinre) en Overyssel. Henri II, seigneur de Cunre, y
forgea vers la fin du XIII« siècle toute une série d’ester-
lins au type de ceux dont nous parlons. Quelques-uns
portent la légende : GCIVI — fflKS — OEVN — RSN et
d’autres variantes, ce qui rend leur attribution incontestable.
Des esterlins semblables, portant CEI VI— ITTÎS—
SVLl I€£N, auraient été frappés à Zwolle, en Overyssel,
d’après M. J. Chautard, auteur de l’ouvrage que
nous avons cité en note. Le proche voisinage de Cunre et
de Zwolle donne beaucoup de vraisemblance à cette
attribution.
É d o u a r d I (1272-1.307)
est le premier souverain anglais qui émit 1 esterlin
(pennj) dit édouardin, d’après son nom, monnaie qui
jouit d’une faveur exceptionnelle et qui fut copiée dans
une grande partie de 1 ouest de 1 Lu tope.
Le droit du penny représente la tête de face couronnée
d’Édouard I. Sur le cou se voit le haut du vêtement
porté par le roi. La légende est :
* S D W | R | SNGU | DNS | ïjYB
Le revers présente une longue croix simple pattée,
coupant la légende et portant trois globules dans chaque
canton. L’inscription, où le nom du monnayeur a disparu,
donne, celui de l’atelier monétaire généralement
précédé de OEIVFIfSS ou de VIUIÆ.
Peu de monnaies, à aucune époque, donnèrent lieu à
autant d’imitations que le penny d’Édouard I. Les Pays-
Bas. en particulier, en émirent des quantités considérables,
et peu de seigneurs, depuis les puissants comtes de