avait guère d ’intérêt à reprendre l’émission de pièces à
l’efEgie de Tetricus.Le nouveau numéraire devaitchasser
l’ancien et le fait suivant paraît prouver que cette loi
naturelle suivit son cours.
Vers 1894, à Autun (Saône-et-Loire), dans le jardin
Poizeau, près des casernes, on découvrit un atelier de
fondeur avec des creusetsplus ou moins brisés, au milieu
de charbons et de cendres; l’un de ces creusets contenait
encore du bronze. Dans un coin de l’officine il y
.avait une multitude de petites pièces usées de Tetricus
et, d’autre part, un nombre considérable de pièces
minuscules de Constantin, d’un diamètre de six à huit
millimètres, à fort relief, sans usure ni déformation (i).
Voici le dessin de petites pièces constantiniennes
(pl. XXX, 14— 17) provenant aussi d’une trouvaille faite
dans la région bourguignonne (2J. L’une porte CONS...
autour d’un buste diadémé; au revers, le type déformé
de l ’enseigne entre les deux soldats. Une autre, avec le
buste de Constantin, présente au revers le type de
Constantinople debout. Une troisième est aux types
d'Urbs Roma. Enfin, la quatrième porte les lettres
CONSTA... autour d’un buste diadémé à gauche: le
revers présente une figure tenant un rameau et on y lit
PMX. . .( 3).
(1) J.-G. B u l l io t , dans les'Mém. de la Soc. éduenne, nouv-. série, t. XXV,
1897, p. 57.
(2) J’ai acquis cinq de ces pièces, en i 8g5, chez un marchand de Dijon. Il
m’assura qu'eiles provenaient d’une trouvaille faite dans les environs de cette
ville. En tenant compte de la fragilité des assurances de ce genre, on peut
supposer que les pièces ont fait partie de la découverte d’Autun. En tout cas,
elles sont certainement du même genre.
On a recueilli des pièces semblables sur divers points de la France, par
exemple au Mont-César, dans l e département de l’Oise ; R e n e t et B e r t o n ,
Le Mont-César de Bailleul sur-1 hérain, 1879, p. i 55, p l. XII, 14 et 15.)
(3) On pourrait penser que ce type du petit numéraire de Constantin a
— 609 —
V
La découverte remarquable d’Autun vient à l’appui de
la constatation, faite plus haut, de l’absence presque
générale de monnaies de Tetricus dans les dépôts postérieurs
à Constantin.
N’est-il pas évident que dans la première moitié du
IVe siècle, on refondait déjà le numéraire à l’effigie de
Tetricus pour faire de nouvelles émissions aux types
contemporains ?
Résumons les faits que nous venons de rapprocher. C’est
d’abord la présence de toutes les variétés de déformation
des Tetricus dans les dépôts du IIIe siècle ; c’est, d’une
part, la petite quantité de monnaies de ces empereurs
dans les dépôts postérieurs à Constantin, et, d’autre part,
la rareté des variétés déformées dans ces mêmes dépôts.
C est encore l’absence presque complète de monnaies
barbares des Tetricus dans les nécropoles de l’époque
mérovingienne. Enfin, c’est la découverte d’un atelier
prouvant, autant qu’onpeut le souhaiter, que les Tetricus
déformés étaient refondus sous Constantin et ses successeurs.
Ma conclusion découle naturellement de ces observations
: Aussi longtemps que je ne connaîtrai pas d’autres
éléments de la question, je repousserai l’hypothèse des
émissions de pièces aux types des Tetricus, faites par
des Alamans, des Francs ou d’autres peuples germaniques,
du IIIe au VIe siècle.
A d r ie n B l a n c h e t .
été emprunté au numéraire de Tetricus. Mais on sait que le type de la
Paix se voit aussi sur des monnaies du IVe siècle (Hélène, Theodora).
Par suite, je ne crois pas qu’on puisse tirer une conclusion du revers de
la pièce que je viens de décrire.