droit. J ’estime que le Sénat dut regarder son monnayage
de Syrie, pays moins jaloux de s e s privilèges municipaux.
comme une compensation lucrative. Les pieces
qu’il frappait furent des as et des sesterces.
Ces monnaies sénatoriales durent etre fabriquées en
dehors, mais à côté des autres, car une observation que
nous avons eu l’occasion de faire (i), est que les lettres
d’officines ont été inaugurées dans 1 atelier senatoiial,
et que cet usage s’est étendu de proche en proche aux
autres séries et aux autres villes de Syrie : preuve de
plus de la corrélation qui existait dans 1 antiquité entre
les fabrications au nom de différents pouvoirs. On a des
exemples à Rome de cette unité d’esprit et de direction
dans l’Hôtel des Monnaies (a).
A quelle époque débute le monnayage §énatoiial
d’Antioche? Postérieurement à 73- de Roine (27 av.
J . - C . ) , puisque Octave y reçoit toujours le nom d’Auguste,
c’est-à-dire après le partage des provinces, qui est
de la même année. Voilà tout ce qu’on peut dire de certain.
Au reste, il existe deux séries, l’une avec là tete
d’Auguste non lauré et sans le titre IMP (imperator),
l’autre avec AVGVSTVS IMP lauré. Il ne serait pas impossible
que la première de ces séries se plaçât avant 7-3g
( i 5 av. J.-C.), année où le Sénat, perdant partout son
droit de battre l’or et l’argent, se vit réserver le bronze :
s’il en était ainsi, les bronzes d’Antioche auraient inauguré
dans le monde le monnayage sénatorial (3).
(1) Les sigles littérales, op. cit.
(2) E. B a b e l o n , Traité, p. 972.
13) On trouve encore ujne tête nue d’Auguste sans le titre IMP en 12 av.
J.-C . ( B a b e l o n , Rép. rom.. II , 90) et en 11 ap. J .-C . une tête nue (C o h e n ,
Emp. rom., n" 226); il n’est donc pas permis d'affirmer qu'a partir de 10 av.
J .-C., Auguste a nécessairement la tête laurée.
La titulature est en latin et renferme les noms des
magistratures romaines, la Puissance tribunice, parfois
le Consulat, avec les insignes du Pontificat (lituus, sim-
pulurnj. Conformément à l’usage latin, Tibère ne reçoit
pas le titre à’Imperator (i). Othon a des sénatoriales à
Antioche, non à Rome, mais il a été démontré (2) que
cela n ’avait rien d’incompatible avec la politique du
Sénat à l’égard de cet empereur. Viteilius n’en a pas,
quoique le Sénat l’ait reconnu, mais la présence de Ves-
pasien en Syrie explique cette abstention, et rien n’autorise
à croire que l’atelier sénatorial d’Antioche ait
frappé au nom de Vespasien avant qu’il fût reconnu par
le Sénat.
Par la suite, il fallut faire quelques concessions aux us
et coutumes du pays. Pourla première fois, sur unemon-
naie de Domitien césar, prince de la jeunesse, est placé
l’aigle impérial ou syrien en plus de SC, innovation qui
n’eut pas de suite immédiate. Chose plus grave : à partir
de Trajan, la titulature est en grec. On s’est demandé
si l’empereur n ’avait pas mis dès ce moment la main
sur la fabrication sénatoriale d’Antioche, et, à vrai
dire, on ne sait à quel moment précis Je Sénat se trouva
évincé.
Depuis Septime Sévère,l’altération de l ’argent rendait
ce monnayage de bronze peu fructueux, et nous voyons
que les grandes pièces ne sont plus frappées. Faut-il
croire que, dès cette époque, c’est parce qu’on ne comprenait
plus que la marque SC de l’autorité sénatoriale
figurât sur les bronzes, et nulle part des sigles impériales,
(t) Cependant, Claude, qui n e l’a pas non plus porté à Rome, le reçoit ici,
à l’exemple des impériales municipales du commencement du règne.
( 2 ) R. M o w a t , Du prétendu refus de reconnaissance d’Othon par le Sénat,
dans Mélanges de numi.m. Saulcy-Bai théleniy, 1877, p. 162.