complexe, on peut citer la belle plaquette, en fo rme de
triptyque, du Jubilé de la maison Christojle : trois
petits portraits en pied y trouvent place (i) et aussi
trois allégories, sans que l’oeil s’étonne de voir juxtaposés
dans ce cadre étroit la redingote du patron, le tablier de
1 artisan, la robe diaphane de la muse, et la jeune nudité
des deux éphèbes qui personnifient Y A rt et Y Industrie,
Les fonds montrent d un côté l’usine où règne la vapeur,
de 1 autre, le paysage où l’art cherche l’inspiration : et
tout cela s harmonise on ne peut plus agréablement.
Une des conquêtes personnelles de Roty est d’avoir
mis résolument le paysage au service de la médaille.
Exemples : la Fisite du Tza r h Versailles,l’Union centrale
des arts décoratifs, Normannia N u tr ix . .. Et ce
n est pas seulement la fraîche campagne que le maître
sait peindre, mais aussi la ville, même la grande ville :
il y a de lui des vues de Paris, de Lyon, de Rouen... qui
sont étonnantes de lumière et de perspective (2).
Puisque nous sommes en train de rendre hommage à
celui que les Parisiens appellent volontiers « le père de
la Semeuse », vous me permettrez de parler un peu
monnaie après avoir parlé médailles.
Pour notre troisième République qui, pendant plus
d un quai t de siecle, s était contentee de l’outillage monétaire
des régimes antérieurs, ajournant toujours l’inauguration
d’une monnaie qui fût vraiment sienne, c’était
tout à la fois une bonne fortune et une difficulté que
(1) Ch. Christofle, Roty lui-même et son fidèle collaborateur Paulin Tasset.
-, (2) Dans le précieux coin que M. Roty m’a fait l’honneur et l’amitié de
grqyer pour fêter, avec le personnel de la Monnaie de Paris, l'élection académique
de l ’homme’qui dirigeait alors ce bel établissement (1896), il y a vraiment,
derrière la coupole de l'Institut, de l’espace, de l’air et du soleil.
d avoir à sa disposition trois spécialistes aussi éminents
que MM. Roty, Chaplain et Daniel Dupuis. La monnaie
d’un Etat très civilisé a le devoir d’être une oeuvre d’a rt;
mais à en vouloir faire un musée, il y a plus d ’inConvé-
nients que d’avantages. En Angleterre, — il en va presque
de même en Belgique,— pièces d’or, pièces d ’argent,
pieCes de billón portent une seule et même effigie,
l’effigie royale; et cette uniformité voulue a son éloquence.
J ’estime qu’elle n’eût pas été moins justifiée en
ce qui concerne le numéraire émis par une République
qui se dit « une et indivisible ». Qui eût pu se plaindre
de retrouver la Semeuse avec son ■ geste auguste », sur
nos pièces de 20 francsetsur nos gros sous, tout commesur
notre argent divisionnaire? Mais chez nous les questions
de personnes passent trop aisément avant les questions
de principes. L’aimable Ministre des finances de 1895,
M, Paul Doumer, grand amateur de médailles, voulut
contenter tout le monde, et l’un de ses premiers actes
fut de charger MM. Chaplain, Roty et Dupuis de préparer
respectivement les coins d’une nouvelle monnaie
d’or, d ’une nouvelle monnaie d’argent et d’une nouvelle
monnaie de bronze. Il tint même à leur laisser à tous
trois une entière liberté d’action et si, par exemple, sur
toutes nos monnaies nouvelles la République porte le
bonnet phrygien, ce n ’est pas que le gouvernement en
eût décidé ainsi, c’est que les trois artistes investis de sa
confiance jugèrent cette coiffure préférable au point de
vue de l’esthétique. A part ce trait commun, les trois
déesses paraissent tenir à ne point se ressembler : les
trois et même les quatre, puisque, en attendant l’aluminium
auquel on promet aussi chez nous un rôle monétaire,
nous possédons depuis quelques années un quart
de francen nickel qui estsignéPatey.Vous connaissez,Mes