cette période sont suffisamment individualisés pour pouvoir
être utilisés pour la classification de leurs bustes.
Ils répondent aux descriptions que les auteurs anciens
nous ont laissées de ces souverains, mais ces figures sont
gravées sans autre prétention que celle d ’une exactitude
grossière.
Prenons comme exemple les effigies de Galère. Ce
prince est représenté avec des traits lourds et épais, un
regard féroce, un air bestial, une barbe hirsute, un cou
de géant. On retrouve dans ces portraits la description
de ce peintre d’histoire étonnant que fut Lactance :
1 Era t... corpus moribus congruens, status celsus, caro
ingens et in horrendam magnitudinem diffusa et inflata.
Denique..., aspectu terrori... ac formidini fuit (r). »
Constance Chlore était tout l’opposé dé Galère. Ses
traits étaient aussi aristocratiques que ceux de Galèré
étaient communs. Les suivants sont nettement: tracés
dans ses effigies : un nez long et aquilin, présentant unê
échancrure à la base, une bouche d’une expression grave^
et de chaque côté de la commissure des lèvres, des plis
légèrement tombant qui donnent une expression de douceur
et de souffrance à la figure ; le front large et carré,
le visage tranquille et froid, le cou dégagé (2).
La figure.de Constance Chlore offre une expression de
fatigue et de résignation. Lactance nous dit de lui que
Galère lè dédaignait : « quod et natura mitis esset et
valetudine corporis impeditus ». (3)
Le portrait de Maximin Daza, neveu de Galère, pré(
1) L a c ta n c e . De mortibus persecutorum. c. IX.
(2) Voir la planche iconographique de cet empereur que j'ai donnée dans î
Numismatique Çonstantinienne, t. I, pl. III, et dans : Revue Numismatique.
Pàris, 1909. pl. TV.
(3; L a c t a n c e . De mortibus pers., c. XX.
sente tous les traits de ce dernier, mais plus courts-et sur
une figure plus jeune. Daza ïnourut à vingt-cinq ans et
Galère ne commença à régner qu’à quarante.
Les,effigies de Sévère II possèdent tous les caractères
d’une figure de pâtre ou de paysan grossier. Son visage
est labouré de traits durs. Il a un air stupide, accentué
par des yeux ronds, une bouche serrée, les méplats
creusés des joues et des plis très accentués de chaque côté
de la bouche (1).
Cette figure répond à son origine rustique et aux descriptions
flétrissantes que nous ont laissées de lui les;
auteurs : « Severus, Caesar ignobilis et moribus et nata-
libus, ebripsus et hoc Galerio amicus » (2).
Ces portraits des empereurs de là première tétrarcbie
sont ressemblants, mais sans valeur artistique.
Ils ont été gravés à l’époque du plus grand abaissement,
de l’art de la gravure à la fin du III0 et tout au début du
IVesiècle L’onpossèdedesmédaillesun peu antérieures et
assez belles de Dioclétien et de Maximien Hercule; mais
on n’en trouve aucune de Constance Chlore, de Ga^
1ère, de Sévère II et de Maximin Duza qui ait une véritable
valeur artistique.
Gela tient, ainsi que je l’ai montré dans mes études
« iconographiques », à la division de l’empire en quatre
gouvernements et à son partage en deux dynasties, lés
Ioviens et les Herculéens, qui n’interchangeaient pas
leurs effigies. Comme l’on devait, d’autre part, en raison
d’une disposition législative prise par Dioclétien, frapper,
monnaie dans chaque atelier au nom de tous les princes
régnants, l ’on prêtait aux empereurs dont les effigies,
(1) Voir: J. M au ric e , Numism. Constant,, 1 .1, pl. V, e t Rev. Numism.,
1904, pl. x.
(2) Anonyme de Valois, ou excerpta valeriana, IV, 9, édit. Teubner.