nos in gaudiis habent), dit l’orateur de 321 à propos des
Césars, (sed jam in destinatis dëeenniis vota properantia
et spes volucres constiterunt) (i). L’empèreur donnait
des jeux dont la partie païenne fut supprimée sous Constantin
(2); même on se réunissait au milieu des,transports
de joie et avec un sentiment presque religieux (3)
pour accomplir les cérémonies des anniversaires.
Aon seulement la Cour et les plus hauts fonctionnaires
y assistaient, mais des députations des provinces, des alliés
et des peuples les plus lointains venaient féliciter l’eni-
pereur en ces circonstances (4). La ville où se passait
l ’une de ces cérémonies en était illustrée, elle recevait
toujours quelque bienfait de l’empereur (5 y les autres
grandes cités aspiraient à le posséder un jour dans leurs
murs (6j et lui envoyaient des présents tels que les couronnes
d’or dans lesquelles on inscrivait les voeux des
lustres (7).
L’empereur devait répondre d’une façon digne de lui
à ces souhaits et à ces dons. Il le faisait en suivant la tradition
des sportules distribuées parles anciennes familles
(1) Ibidem.
■ (2) Eusèbe dit formellement, à l’occasion de la venue à Rome de Constantin
en 3 i 5, qu’on ne fit plus couler le sang des victimes ( Vita Constantini,
lib. I c 48) ; les Consularia Constar,tinopolitana, indiquent ces fêtes par
l’expression de : edidit Vicennalia Constaniinus.
(3) Pan eg., III, c. 2. — Etenim illi ipsi dies, quibus i'mperii auspicia sump-
sisii àb hoc sancti sunt ac religiosi quod taies declaraverunt imperatores. —
De même P a n e g .,-VIII, c. i3 .
(4) Eusèbe nous apprend qu’en l’année de ses Triennalia en 336, année
qui fut celle de la célébration des noces de Constance II, des députations de
princes indiens se rendirent auprès de Constantin à Constantirtople. Eusèbe
de Vita Constantini. IV, 46, 47, 49, 5o.
* (5) Ce fut le cas d’Autun en 3 11, ville à laquelle fut faite la remise des impôts
d’ün lustre. Pan eg ., VIII, c. 13*
(6) L’orateur de 3 10 lui demande à Trêves de venir à Autun.
(7) P a n e g ., VII, c. 21.
de Rome à leur clientèle (i). Les lettres de Symmache,
que Seeck a étudiées à ce point de vue, nous montrent
de grands personnages et-lui-même distribuant des pièces
d’or et d’argent et des présents (apophoreta), chacun
d’une valeur en rapport avec l’importance de celui qui
les recevait (2). Ces cadeaux se faisaient à l’occasion d’un
mariage, d’une entrée en fonctions, d’un consulat, d’une
questure, d’une prêture, etc.
L’empereur,qui avaitseul le droit de frapper monnaie,
donnait une plus grande valeur à ses sportules en faisant
émettre, à l’occasion d’événements tels que les anniversaires
de son élévation au pouvoir ou de celles de ses fils;
des médaillons uniques ou rares; ou encore des pièces
d’or et d’argent, qui portaient au revers le nom de l’Auguste
ou du César et offraient au droit de belles effigies.
Ces dernières, idéalisées, présentaient quelquefois les
princes dans une attitude pieuse, les yeux levés au ciel, et
cette attitude reproduite à tous les anniversaires impériaux
avait une signification chrétienne, car elle disparut des
monnaies lors du retour de Julien au paganisme (3).
Les médaillons, qui étaient des multiples du Solidus
sous Constantin, avaient une valeur déterminée (4),
mais ils étaient aussi des oeuvres d’art.
Tels sont ceux de la magnifique trouvaille de Helle-
ville, dont on doit la publication au savant directeur du
Cabinet des médailles de France, E. Babelón (5). Les
(1) O . S e e c k , Zu den Festmün^en Constantinos und seiner Familie, d an s
Zeitschrift für Numismatik, XXI, pp. 18, 19.
(2) Ce point très important a été mis en lumière par O. Seeck; Zeit-
schrift fur Numismatik, XXI, pp. 18 à 22.
(3) Num. Constantinienne, t. I, p. CXXXVII. — E u sèb e , Vita Constantini,
IV, 15;
(4) B a b e lo n , Tra ité des monnaies grecques e t romaines, v o l. I, 652.
(5) B a b e lo n ', La trouvaille d e H elle vil le, dans Revue Numismatique;
1906, pp. 160 à 189.