Ialion des poids, loin d’être une source de complications,
permettait que les sommes dues fussent de poids exact,
donc d’une valeur normale, tandis que nos propres versements
sont toujours en déficit de poids et de valeur.
Gomment pourrait-il en être autrement, puisque ce n’est
qu’en sortant de la frappe que nos monnaies ont un poids
normal qui va en diminuant de jour en jour, d’heure en
heure. Si minime que puisse être la perte unitaire de
nos monnaies, elle finit par être considérable quand on
considère la masse énorme de numéraire en circulation
aujourd’hui.
N’est-il pas exact que les statuts de nos banques tolèrent
une perte de i °/00 pour les paiements en or? En
admettant qu’il y ait en circulation trente milliards d’or
monnayé, d’après les dernières évaluations, et si nous
tenons compte sur cette somme, d ’une perte de seulement
un demi pour mille, résultant de l’usure, nous voyons
que, de jour en jour, d’heure en heure, pour ainsi dire,
il passe d’une main à l’autre i 5 millions d’air, mais non
d’or.
La Rome antique ne donna jamais à son peuple un
pareil spectacle, elle ne connut jamais un semblable
bilan! Je dirai pour finir que, si l’oscillation des poids
n ’avait pas été plus profitable à ceux qui faisaient usage
de ces monnaies, on ne comprend pas, si loyal et patriote
que pût être le peuple romain, comment il ne détruisit
pas les monnaies d’or et d’argent qui dépassaient le poids
normal et qui ornent aujourd’hui nos médaillers.
Fatalement, une erreur en entraîne d’autres. Ainsi, à la
suite des théories mal comprises sur l’argenture et sur
l’oscillation des poids, les monnaies des réformes de
Dioclétien et de Constantin furent divisées en Moyens
Bronzes, Petits Bronzes et Quinaires. Quant aux autres
monnaies, dont le module oscille entre le M. B. et le P. B.
et celles dont le module varie entre celui de ces derniers
et celui du Q, on les a retenues comme des monnaies dé
poids frauduleux et on a_ voulu que les unes fussent
dépensées à la valeur de M. B. et les autres à celle de
P. B. Logiquement, il semble étrange que le système de
la réforme de Dioclétien se réduisît à une monnaie en or
(l’aureus), une en argent [le denarius) et une ou deux en
bronze, et il paraît encore plus extraordinaire que moins
de quinze années après cette réforme, une autre lui ait-
succédé, qui comportait dé nouvelles nominales, tant en
or qu’en argent, accompagnées de deux ou trois petites
monnaies de bronze insignifiantes !
Que l’on ait énoncé certaines théories, lorsque la numismatique
des époques en question commença à attirer
l’attention des érudits, c’est fort compréhensible ; mais
ces théories n’ont plus de valeur à l’heure présente, avec
la nouvelle classification chronologique qui vient d’être
donnée aux émissions des monnaies de l’époque constan-
tinienne, classification acceptée, par tous. Cette classification
récente et judicieuse fait ressortir, qu’à chaque
nouvelle émission les monnaies diminuaient de module
et de poids, si bien que les diverses émissions
forment une chaîne de nominales, qui sont respectivement
l’une le multiple ou la fraction de l’aiitre.
(Pl. XXXVI, 5-IO.)
Comme nous allons le voir, il résulte que xoo monnaies
du plus grand module, communément appelé iM.B.,
mais que dans cette étude nous nommerons G. B.
(Pl. XXXVI, 5)‘,: émises entre l’an 297 et l’an 3o6 ,
pesaient comme i5o monnaies d ’un module plus petit,
que nous appellerons M. B. (Pl. XXXVI, 6), émises de
l’an 3o6 à l’an 3og. Elles pesaient comme 200 mon