Pintura où il décrit minutieusement, de visu, et avec
de grands éloges, le cheval fait par Rutilio dont Cean
Bermudez s’occupera cent soixante ans plus tard. Il nous
fait savoir, en outre (vol. I,p . 36o) que Gaci était fauconnier
du roi.
Vers 1770 Antonio Ponz publia la première édition de
son Viage de Espana, dont il parut deux autres éditions
en 1782 et 1787. En parlant de la ville dé Madrid, on
voit bien qu’il he connaît'de Rutilio Gaci que ce qu en
dit Carducho. Mais il aide à en prolonger le souvenir. Le
livre de Ponz fut traduit en allemand en 1775.
Après Cean Bermudez le nom de Rutilio n ’est plus
mentionné,que je sache,dans la littérature espagnole.Mais
Cean Bermudez, Ponz, Pacbeco et Carducho sont justement
les quatre auteurs les mieux informés et le plus
souvent consultés sur l’art en Espagne : tous rendent
hommage au talent exceptionnel de Rutilio Gaci; et
personne n'a, depuis lors, songé à lui!
M. Herrera nous apprend qu’en 1825 on publia à
Rome un livre intitulé Le arti italiane in I Spagna,
ossia storia di quanto gli artisti italiani contribuirono
ad abbellire le CastigHei En traitant de Rutilio Gaci,
l’auteurne faitque résumer ce qu avaient dit les écrivains
espagnols, sans y ajouter rien de nouveau. Mais il en fait
mention.
Voilà donc un artiste fameux en son temps, dont les
oeuvres remarquables sont arrivées jusqu’à nous; personnalité
marquante à la cour de Philippe IV, qui, comme
le grand Velasquez, a un poste près de la personne
même du roi, il travaille beaucoup a Madrid, fait des
portraits en cire très ressemblants, embellit la ville avec
ses élégantes fontaines, dont il en est qui existent encore,
taille des médailles exquises, honneur de toutes les collections
importantes, et malgré les louanges des publi-
cistes ses contemporains et d’autres jusqu’à un siècle et
demi après sa mort, et en dépit meme de la transparence
de sa signature, il a fallu que le hasard mît en lumière
une médaille avec son nom et son portrait, pour
nous ouvrir les yeux et nous faire voir que c’est lui
l’auteur, inutilement cherché jusqu’à présent, de ces
admirables médailles, dignes, sous tous les rapports, des
plus grands artistes du seizième siècle.
Je ne veux pas terminer sans mentionner que depuis
la découverte de Rutilio, j’ai eu 1 honneur de faire la
connaissance en Angleterre de trois gentlemen qui
comptent parmi ceux qui avec le plus d’amour et d’intelligence
rendent culte à l’art de la médaille : M. Max
Rosenheim, le généreux collectionneur, à qui je dois une
médaille unique de ALEXANDER RODVLPHIVS,
signée du monogramme B?3, (111*' permet que ma modeste
collection possède toutes les médailles connues jusqu a ce
jour de Rutilio Gaci ; Mr G. F. Hill, le grand savant et
publiciste du British Museum, qui m’encourage dans
mes travaux, et à qui je n ’ai envoyé que trop tard l’étude
de M. Herrera; et finalement Mr L .. Forrer, l’intarissable
travailleur, qui ayant toutes les données nécessaires
pour son article sur Rutilio Gaci, qui paraîtra le mois
prochain dans la « Numismatic Chronicle ", aurait sacrifié
volontiers une partie de son information pour me
laisser la satisfaction d’être son devancier.
Je profite de cette occasion solennelle pour les remercier
tous les trois.
Madrid, 12 mai 1910.
P a b lo B o sc h .