c’est que les médailleurs avaient négligé leur éducation
d’artiste.
Si aujourd’hui encore il en est si peu de remarquables,
c’est que nous sommes obligés de demander nos médailles
à des sculpteurs faute de trouver de bons médailleurs-
graveurs.
Les sculpteurs, s’ils se pénètrent bien des exigences du
style métallique, peuvent nous donner d ’excellentes
médailles coulées, comme en produisaient les grands
artistes de la Renaissance.
En réalité, il faut bien admettre que la médaille
réduite par le tour d’après un bas-relief coulé en fonte,
même quand elle est frappée ensuite, n’est que le fac-
similé fidèle d’un bas-relief coulé auquel ne manquera
pas même la reproduction du grain de la fonte. Si la
réduction a été exacte, la frappe ne peut rien ajouter ou
retrancher au modèle primitif.
Au point de vue technique, la médaille estampée dans
ces conditions appartient à notre troisième division : le
métal liquéfié par la chaleur, coulé dans un moule et
l’artiste doit s’inspirer des exigences esthétiques des
objets en fonte pour concevoir et exécuter son modèle.
CHAPITRE II.
ESTHÉTIQUE DE LA COMPOSITION.
L’échelle réduite, le champ restreint, la forme circulaire
imposée au médailleur l’obligent à synthétiser son
sujet, à le résumer en quelques traits essentiels, à le
montrer petit en donnant l’impression de la grandeur.
De plus, au service d’une pensée élevée, capable de
dominer le thème imposé, l’artiste doit mettre une dextérité
qui se joue des difficultés de l’exécution.
Aussi la longueur de l’apprentissage et celle de l’exécution
ont-elles toujours rendu rares les grands graveurs
de médailles.
Cependant la France a montré, depuis trois quarts de
siècle, une efflorescence de cet art qui n’a été surpassé à
aucune époque.
Aussi pensons-nous que mieux que des dissertations
métaphysiques l’examen des oeuvres des Chaplain, des
Roty et des Daniel Dupuis nous permettront d’élucider
le difficile problème de l’esthétique de la médaille contemporaine.
Son premier mérite doit être d’être en harmonie avec
son époque: comme l’a ditfort justement M. deDompierre
de Chaufepié, « sans une vie forte et individuelle du
peuple,, sans la sympathie de la nation elle-même, les
médailles restent froides et sans inspiration (i) ».
Les oeuvres de ces artistes éminents nous montreront
comment ils ont su imaginer des symboles clairs sans
verser dans la banalité, sans ressasser des thèmes usés;
comment ils ont pu trouver le style approprié au caractère
de leur composition qui devait être monumentale
pour commémorer un événement historique, solennel
ou tragique; pompeux, pour rappeler une exposition,
une fête nationale; familier, pour célébrer les joies du
foyer : mariage, naissances, majorité, jubilé, anniversaires.
De caractère monumental sera la médaille destinée à
honorer un grand citoyen, un homme illustre.
On peut donner comme exemple de cè genre l’admirable
médaille du centenaire de Chevreul, par Roty.
A l’avers est reproduit le profil de l’illustre savant dont
(.1) D* H.-J. d e D o m p ie r r e d e C h a u f e p i é , Le s médailles e t plaquettes
modernes^ H. Kleimann, Harlem.