
 
		ristes (i)  ou  vertu  impériale;  car  l’empereur  est  la divinité  
 à  laquelle se  rapportent  ces  qualités.  Elle  fut  alors  
 exprimée par  l’image  symbolique  de  l ’empereur foulant  
 aux pieds de  son  cheval  ou  aux siens  des  ennemis  vaincus  
 (2),  suivant  l’expression  d’un panégyriste contemporain  
 : Cautior  licet  sit  qui  devinctos  habet  venia  per-  
 duelles,  fortior  tamen est qui  calcat iratos (3). ' 
 Concordia,  Pietas,  Securitas,  Spes, Félicitas  et  plusieurs  
 autres divinités allégoriques subirent des transformations  
 analogues. 
 Pietas  quelquefois  encore  représentée  sous  l’aspect  
 d’une figure féminine sous la tétrarchie, ne l’est plus sous  
 le règne de Constantin  que par  des  scènes  symboliques.  
 On  voit  sur les médaillons frappés après la prise de Constantinople  
 en 324, et  lors de divers anniversaires  impériaux, 
  l’idée de la Pietas Augusti exprimée par Constantin  
 relevant  une femme  tourelée  (Constantinople)  assise  ou  
 agenouillée, tandis  qu’une Victoire  couronne l’empereur  
 et qu’un légionnaire paraît parfois dans le champ (4).  Un  
 panégyriste nous donne à propos de la prise de Rome par  
 Constantin  en  3 t4 ,  l’explication  de  ce  type  :  Urbem  
 Romam  non  praecipitantem  exceperit  sed  afflictam  ac  
 plane jacentem,  excitarit,  recrearit,  erexerit(5). 
 Pietas est également  interprétée comme  l’attachement  
 réciproque des membres de la  famille impériale (6). C’est 
 (1)  Paneg.y  IX,  cc.  3, 4,  10. 
 (2)  Voir Numis.  Constant.,  I,  p!.  XX,  n° 2,  ce  type est  représenté  avec  la  
 légende  :  VIRTÜS AVGG ET CAESS  N  N . 
 (3)  Paneg.y  VII,  c.  10. 
 (4)  Num.  Constant.,  I,  p l .   IX,  fig.  3,  et  Revue  Numismatique,  1906,  
 pl.  VIII,  n°  6. 
 (5)  Paneg.y VI, c.  11 ;  Paneg.y VII,  c.. 20 ;  Paneg.y X,  c.  3. 
 (6 )  Pànég,,  III, c.  i 3.  V o i r   p o u r   l a   d i v i n i t é   a l l é g o r i q u e   : Pietas  Augusti,  
 W i s s o w a ,   loc.  c it.,  e t  T o u t  a i n ,  L e s cultes païens y  I ,   l e s   d i v i n i t é s   a l l é g o r i q u e s ,   
 p .   1 7 7   e t   s .   q . 
 aussi  la  qualité  des  empereurs  protecteurs  de  Rome.  
 Tous ces  aspects  de  la  divinité sont dus  à  l’interprétion  
 néoplatonicienne  des  vertus  divinisées  qui  conduit à  les  
 représenter  par  des  symboles  et  fournit  aux  artistes  de  
 nombreuses et gracieuses interprétations (i). 
 ,  Spes fut personnifiée au débutdu règne de Constantin,  
 à Trêves, sous l’aspect  traditionnel  d’une  gracieuse  divinité  
 allégorique,  figure  féminine  drapée,  tenant la  fleur  
 dont onespère le fruit. Maisbientôt elledevintun attribut  
 delà famille impériale au sort de laquelle étaient attachées,  
 depuis la  reconnaissance  du  principe  de  l’héridité  dans  
 la famille des seconds Flaviens, l’espérance et  le  salut de  
 la  Res  Publica. Aussi Spes et  Salus  donnèrent lieu aux  
 mêmes types symboliques.  Tantôt ce  sont l’empereur et  
 ses fils, dépositaires de Y Imperium,  que l’on  voit debout,  
 tenant le  sceptre (2)  dans des attitudes  qui ne manquent  
 pas  de  grandeur;  tantôt ce  sont les  impératrices,  sainte  
 Hélène et Fausta tenant  des enfants,  espoir  de  l’empire,  
 dans leurs bras.  On  pourrait  répéter  les  mêmes  remarques  
 au  sujet  de  Securitas,  de  Félicitas  et  de  plusieurs  
 divinitésquinefurentplusrappeléesque par des symboles  
 sous  le  règne de Constanli 11 'yJ-A Victoria seule garda  son  
 antique  aspect;  aussi  bien ne pouvait-on  la représenter  
 que par  une figure  féminine  ailée. Mais  la  lecture  des  
 Panégyristes  nous apprend qu’elle  a subi  la  même transformation  
 que  les  autres  divinités.  La  grande  déesse à  
 laquelle Rome élèvait  des autels  (3) est  devenue presque  
 exclusivement  une  compagne  et  même  une  esclave  de 
 (1)  J.  M a u r i c e .   L ’atelier  de  Nicomédie.  Numismatic  Chronicle,  1908,  
 pp.  266-267. 
 ( 2 )  Cf.  B a b e l o n .   La  trouvaille de Helleville,  d a n s  Revue Numismatique,  
 1906,  pp.  170  171,  et  p l .   VII  et VIII. 
 .  (3)  On lui élève encore un  temple en 3 io;_;  Ç.  I. L.,  III, 5565,   —  T o u t a i n .   
 Les cultes païens,  I .  331.