symbolisée par un lys. Les personnages sont finement
modelés, les extrémités correctement dessinées; l’ensemble
a un caractère de sérénité et de dignité. En exergue
le mot semper consacre l’engagement des époux. Au
revers, un cbêne ombrage une fontaine surmontée d’un
amour; composition banale qui contraste avec celle de
l’avers. On doute qu’elle soit de Chaplain. Ne l’a-t-il
pas fait exécuter par un de ses élèves?
La tentative, encore à peine ébauchée, des maîtres
français de moderniser les allégories est intéressante
parce qu’elle correspond à une évolution dans l’art de la
médaille.
Quand, entre i 44^ et i 45o, Vittorio Pisano produisit
ses célèbres médailles coulées, l’humanisme triomphait
en Italie, l’engouement pour la littérature latine fit substituer
au ciel chrétien l’olympe païen, bien plus riche
en symboles.
Apollon remplaça Sainte-Cécile, Minerve le Saint-
Esprit, Jupiter le Père éternel, les nonnes s’appelaient
des Virgines vestales, les saints devenaient des dieux;
le cardinal Bembo persuadait à ses amis de ne lire
d’autre auteur que Gicéron pendant cinq années:
En Flandre, aussi bien qu’en Italie, on n’apprenait pas
sa langue maternelle mais le latin, et les hommes cultivés
ne lisaient que des auteurs romains. Aussi, même
les événements contemporains, se traduisaient-ils, aux
yeux des artistes, en images mythologiqnes.
Quel exemple plus extraordinaire de cette tendance
que les peintures'de la Galerie Médicis de Rubens : les
trois Parques filent la destinée de la Reine devant Jupiter
et Junon; Minerve, Apollon et les trois Grâces président
à son éducation, sous la protection de Mercure;
l’Amour et l’Hymen présentent le portrait de Marie à
Henri IV. L’Hymen, armé de son flambeau, intervient
même au mariage religieux. Ce sont des sirenes qui
amarrent la galère de Marie de Médicis dans le port de
Marseille. Quant au gouvernement de la reine, il n’a
fallu rien moins que l’Olympe tout entier pour le symboliser.
Les oeuvres des écrivains grecs et latins étaient considérées
comme la source de toutes les connaissances, non
seulement philosophiques et littéraires, mais meme scientifiques,
et alors que les romantiques se furent insurgés
au cri de : « Qui nous délivrera des Grecs et des Romains!
», les symboles classiques continuèrent à être
employés et ce furent les médailleurs qui s obstinèrent
le plus longtemps à sén servir. Il était si commode de
ne pas se torturer l’imagination et d ’emprunter au
magasin de décors de l’antiquité : Apollon, les Muses,
Minerve, Vénus, Mars, Vulcain, l’Abondance et sa corne,
les fleuves et leurs urnes, l’Hymen et son flambeau.
Si quelque habitant de Mars descendait en Europe
comme l’a imaginé Wells, il pourrait croire que notre
civilisation est encore païenne. Les divinités antiques y
pénètrent toujours tous les modes d’expression de notre
imagination, au point qu’on n’aperçoit de symboles
chrétiens qu’aux églises.
Au sommet de notre palais de justice se dresse le buste
d’une Minerve, comme dans la galerie de Hallay de Paris
trône une Thémis colossale, et chez les médaillers contemporains,
c’est à peine si l on trouve une demi-douzaine
de médailles décelant une inspiration chrétienne.
Cependant, d’autre part, nous ne lisons plus dans le
texte les auteurs latins, de sorte que les mythes antiques
nous laissent indifférents, non seulement parce qu on en
a trop abusé, mais surtout parce que nous ne meublons