caractéristique essentielle, en même temps que d’être un
créateur de formes souples et vivantes, est d’être un décorateur
acharné à faire pénétrer l’art dans la vie à tous ses
degrés. Mackennal a exécuté quelques portraits, entre
autres celui de Mmo Sarah Bernhardt, mais il s’est surpassé
dans la représentation des sujets classiques.
Mais l’artiste anglais dont la personnalité s’affirme de
plus en plus depuis plusieurs années est M. Théodore
Spicer-Simson, sculpteur, médailleur et décorateur. Né,
au Havre, d'une famille anglaise, il a reçu en même
temps une éducation française et anglaise, passant ses
jeunes années tour à tour de l’un et de l ’autre côté du
détroit. Élève de l’École des Arts décoratifs, puis de
l’École des Beaux-Arts et des maîtres A. Millet et Thomas,
il a travaillé pendant quelque temps pour Gorhum
et G10, aux États-Unis; puis, rentré en France, il a eu la
bonne fortune de faire la connaissance de Jean Dampt,
dont les conseils ont définitivement orienté sa carrière
artistique.
Dès lors, le talent de M. Spicer-Simson s’est développé
normalement; il a acquis le souci de la forme et
de l’expression, sans lesquelles il n ’y a pas de véritable
beauté; il a étudié les genres les plus divers : ex-libris,
illustrations, dessins, sculpture et gravure en médailles.
Ses envoi» à la Royal Academy, la New Gallery, les
salons et les expositions d ’art de Francfort s/M., Munich-
Dresde, Hambourg, La Haye, etc., ont fait connaître
son ingéniosité et son activité inlassables.
Comme médailleur-portraitiste, il imite à un haut
degré de perfection le style des grands maîtres italiens
de la Renaissance, dont les caractéristiques particulières
sont la vigueur du style et la sobriété dans les détails.
Dans les portraits de G.-F-. Watts, le peintre-philo^
sophe, Marcel Schwob, l’écrivain à 1 imagination fantaisiste,
George Meredith, le littérateur fin et subtil,
— pour ne mentionner que ceux qui m ont le plus impressionné,
— M. Spicer-Simson, tout en restant scrupuleusement
fidèle à la nature, fait ressortir d’une manière
admirable les traits moraux de la physionomie. Mais, à
mon avis, l’artiste excelle surtout dans la représentation
de l ’image de la femme. Le portrait de M,le Louise S.
Hammond, par exemple, est modelé avec une délicatesse
exquise. Il rappelle, dans l’exécution, le beau médaillon
de Cécile de Gonzague de Pisanello. Le ton des chairs,
les ombres des traits, le relief très faible. la simplicité du
vêtement, sont combinés de manière à rendre les qualités
évanescentes et mystérieuses de grâce qui se dégagent de
la jeune fille inconsciente de son charme. Une autre
figure de jeune fille, véritable fleur vivante, nous est
donnée dans le portrait de MUe Elisabeth S. Hammond.
Tout aussi fines sont les plaquettes et médaillés de
MUe Noelie Spicer-Simson, Ella Mielziner, Mme Th.
Spicer-Simson et bien d’autres : oeuvres d’amour, de
poésie, d’un goût délicieux, d’une facture consciencieuse
et souple.
Puisse l’artiste arriver à la réalisation de tout ce qu’il
rêve, de tout ce que son tempérament devrait lui permettre
d’atteindre !
Sous .l’impulsion régénératrice des Legros, Hamilton,
Bowcher, Mackennal, Spicer-Simson et de leurs émules
de la jeune école, S.-W. Carline, Cecil Thomas et plusieurs
autres modeleurs bien doués, l’art du médailleur
est peut-être en voie de prendre un nouvel essor en
Angleterre. La médiocrité de la plupart des oeuvres de
glyptique du siècle de Victoria lui avait aliéné, à bon
droit, les sympathies du grand public. Mais nombreux