nent vigoureusement leurs volutes ; la bouche est enfoncée,
mais les lèvres ¿qui affirment l’expression sont saillantes
et nettement tracées, les yeux sont cachés dans l ’ombre
que projette le relief du front et gagnent ainsi quelque
chose de la transparence de la vie; la joue se rattache au
menton par un large méplat dont la surface unie et luisante
sert de repoussoir aux détails fouillés et ombrés du
profil et de la chevelure ; si le type est harbu, la barbe
imprime un accent de force et de dignité à la physionomie.
D’autre part, quelle originalité primesautière, quel
brio, quelle vigueur dans les chevaux qui se cabrent sur
le champ exigu des monnaies de Tarente, de Syracuse et
de Géla ! Les articulations des coursiers ont une saillie
exagérée qui exprime vivement le mouvement. Un
aurige dirige-t-il un quadrige, on le sent maître de son
fougueux attelage, tant le graveur asu marquer la cadence
du pas sous le toucher du fouet et l’alignement des encolures
arquées par la tension des rênes tenues d’une main
ferme. En admirant cette composition, il nous semble
entendre retentir le vers si bien martelé de Virgile :
Quadrupedante putrera sonitu quatit unguia campum.
Placez le revers d’une des monnaies gravées par
Evaïnetos à côté de celui d une de nos pièces de cinq
francs, la veulerie, l’indécision du revers moderne contrasteront
avec la netteté et la vigueur de la monnaie
syracusaine.
Comme nous le démontrerons pour la médaillé, cette
différence n ’est pas due uniquement au talent de dessinateur
et de modeleur de l’artiste antique, mais aussi au
fait qu’il était un graveur, ce que n ’est plus lemédailleur
moderne, malheureusement.
Le graveur de monnaies grecques et le graveur de
médailles du XVIIe siècle faisaient subir à l’acier le
deuxième procédé indiqué plus haut ; qu’ils travaillassent
en creux ou en relief, ils employaient le ciselet, le tou-
ret, le burin à sculpter et à graver le métal.
Quant l’artiste n’avait qu’à produire le relief peu saillant
d’une monnaie, il le burinait directement dans un
bloc d’acier recuit; il jugeait de l’effet en prenant une
empreinte en cire, quoique le graveur gagnât rapidement
l’habitude de voir le relief dans le creux et d’y modeler
aussi sûrement que s’il opérait sur la ronde bosse.
Lorsque le graveur travaillait à une médaille exigeant
un relief, plus accentué, il commençait par dégrossir un
poinçon d’acier doux au ciselet; quand son oeuvre lui
paraissait suffisamment avancée, il trempait ce poinçon,
le frappait dans un bloc d’acier recuit ; il obtenait ainsi
un creux qu’il reprenait, ensuite au touret et au burin
pour accentuer ou affiner les détails ; les blocs de la face
et du revers une fois trempés, constituaient alors les
matrices entre lesquelles un disque de métal était inséré,
et quelques vigoureux coups de balancier imprimaient
nettement les images sur les deux faces du flan.
Mais l’emploi du burin exige un long apprentissage,
car le graveur doit arriver à le manier avec assez de
sûreté pour ne pas tailler dans la matrice un trait fautif
qui serait irréparable et pourrait gâter un long travail.
Le coût de la vie moderne ne permet plus aux artistes
de livrer leur travail au prix dont se contentaient les
artistes anciens; aussi les modernes employerent-ils avec
empressement le tour à réduire qui leur permettait de
transformer rapidement et économiquement un bas-relief
en coin de médaille. Cette transformation du travail
fut funeste à l’art du médailleur pour plusieurs motifs.