niques imprimera un caractère particulier a 1 ubjet
qu’elle produira, que l’artiste doit en tenir compte, qu il
en est qui l’ont négligé et que l’oeuvre s’en est ressentie?
Si nous avons d’abord exposé les exigences techniques
découlant des propriétés de la matière et du procede employé
pour sa mise en jeuvre, c’est que, à notre avis, le
médailleur doit en être pénétré quant il saisit son crayon
et commence l’esquisse de sa composition.
Il va de soi que s’il n’est pas au préalable excellent
dessinateur, modeleur experimente et artiste genial, il
ne produira rien qui vaille.
Le problème qu’il a à résoudre est d’une difficulté considérable.
Qu’il soit graveur en monnaies ou en médailles,
il aura à satisfaire à des exigences d’usage et de
technique, à comprendre dans un espace restreint, d u n
relief presque insensible, un monde de pensees.
Tout d’abord, la monnaie laisse à l’artiste un champ
beaucoup plus restreint que la médaille, et son esthétique
doit être examinée séparément.
Le rôle considérable que joue la monnaie dans 1 économie
de la vie moderne nous a obligés a employer des
moyens expéditifs de fabrication qui donnent à nos
pièces d’or, d’argent et de nickel l’aspect de rondelles
plates, lisses, banales, destinées à être empilées et dont
l’origine mécanique est manifeste. |
Cependant, dans les limites mêmes des exigences d’une
numismatique industrielle, il n ’est pas impossible dè
donner aux pièces de monnaies les caracteres et les qualités
d’une oeuvre d’art. De timides essais ont déjà été
tentés en France, en Autriche, en Angleterre et même
en Belgique, sans grand succès cependant.
M. Auguste Delbecke a trop bien mis en lumière les
mérites d e s monnaies grecques dans une étude parue,
en 1892, dans la Revue belge de Numismatique, « leur
clarté, leur précision, leur natu-re, leur simplicité, leur
allure facile et allègre, souvent leur grandeur et leur élévation
» pour que je reprenne ici cet éloge, dont il y
aurait peu de parti à tirer à propos de l’esthétique de
nos futures monnaies. Les exigences de la fabrication et
de la circulation moderne imposent des conditions dont
n’avait pas à se soucier le graveur grec.
Néanmoins, malgré ces entraves techniques, la monnaie
moderne pourrait emprunter à la monnaie grecque
quelques-unes de ses qualités, car ce sont précisément
celles-là qui manquent à nos pièces de cinq francs.
Qu’y voyons-nous?
A la face, les traits caractéristiques du type ne sont
pas accentués, le graveur ne s’est attaché qu’à obtenir
une ressemblance banale et le profil est encadré d une
inscription en caractères typographiques, d’une fastidieuse
régularité.
Au revers, l’écu, le lion, la. couronne n ’ont aucun
style héraldique, les deux branches de laurier semblent
décalquées l’une sur l’autre; l’auteur de cette monnaie
vulgaire a usurpé le titre d’artiste.
Nos graveurs ne semblent pas avoir compris qu’une
monnaie n’a pas pour objet de fixer la ressemblance photographique
du souverain, mais doit exalter en un type
puissamment buriné ses traits physiques et son caractère
moral. Qui reconnaîtrait jamais dans les pâles effigies
de Léopold II le monarque aux projets ambitieux et à
la volonté indomptable?
Comparons notre monnaie avec un tétradracbme grec,
fût-il même du II I0 siècle.
A la face, le nez qui donne son caractère dominant à
la physionomie est franchement accusé, ses ailes dessi