le roi eût dû tout simplement imiter les florins italiens,
qui circulaient dans tous les pays et qui furent le modèle
que suivirent tous les princes. Ainsi firent Jean de
Luxembourg en i 3a5, Charles-Robert en Hongrie, et un
peu plus tard les princes silésiens. Le roi Ladislas I
n ’adopta point ce modèle et créa un tout nouveau type
en mettant à la place de saint Jean-Baptiste, le patron
de Florence, saint Stanislas, patrondu nouveau royaume
polonais. Dans le choix de ce saint, on voit aussi un but
déterminé. Sur les monnaies polonaises antérieures, sur
les deniers et bractéates du XIIe et X IIIe siècle, on voit
seulement saint Adalbert, l’arcbevêque de Gnesen. Cette
ville était la métropole de l’état. Le couronnement de
Premislas en 1295 et celui de Wenceslas de Bohême en
i 3oo eurent lieu à Gnesen. Saint Stanislas, évêque de
Cracovie, sur le ducat, et en même temps le couronnement
du roi à Cracovie, montrèrent que le roi a élu
Cracovie pour la capitale de toute la Pologne.
Silafiguredusaint peut avoir eu quelque analogie avec
le type florentin,l’avers de notre ducat avec le roi sur le
trône a pris modèle des monnaies hongroises, surtout du
gros de Charles-Robert. Ce type mohtre aussi l’influence
française, où il était d’usage que les monnaies et les
sceaux fussent marqués des mêmes types (i). C’est chose
visible sur ce ducat, où l’avers avec le roi assis est compris
tout à fait comme le sceau de majesté de ce roi (2).
Comme nous le voyons, l’influence française venant de la
Hongrie, joue ici le rôle principal.
Il ne nous reste plus qu’à expliquer comment la nouvelle
monnaie s’harmonisa avec le système monétaire de
(1) P io t . Étude sur les types. Revue belge, IV.
(2) Gumowski. Les sceaux des roispolon. (p o lo n .), d an s Revue rtum. arch.,
1 9 0 9 .
la Pologne. Au commencement du XIV« siècle avaient
cours en Pologne seulement les gros bohémiens, les
deniers de Thorn et l’or florentin. Ce dernier, qui est
très intéressant, était plus en circulation dans les provinces
du Nord que dans celles du Sud. Ce sont les rapports
des collecteurs du denier de saint Pierre qui nous
le racontent (1). D’après les comptes de ces collecteurs,
en i 32Ô un florin a valu en Pologne 16 gros bohémiens
ou un tiers de marc d’argent, d’après le calcul polonais
(48 gros). Cette évaluation ne se rapporte pas aux gros
de Wenceslas, mais à ceux de Jean de Luxembourg,qui,
d’après les recherches du Dr Luschin, contenaient seulement
3 . i 5 grammes d’argent fin. Cela donne la proportion
1 : 14 entre les deux métaux. Cette proportion convient
entièrement aux relations avec l’Allemagne,
constatées pour le premier quart du XIVe siècle, mais
elle ne s’accorde pas avec la situation monétaire de ce
temps-là en Bohême et en Hongrie (2), et aussi elle
s’éloigne très fort des données que nous avons pour la
Pologne au X IIIe siècle (3). Charles Robert et Jean de
Bohême ont fixé à 4 florins le prix du marc d’argent, c’est
la proportion 1 : 17 entre ces métaux. En Pologne, à la
fin du XIII8 siècle, on peut constater une relation très
basse, à peine 1 : 8 ou 10, selon la province.
L’augmentation du prix de l’or était, comme dans les.
autres pays, la conséquence, d’une part, de l’apparition
des florins sur le marché et, d’autre part, de l’introduction
de grandes quantités de gros argent. Ce haut prix de
(1 ) T h e in e r , I . Momimenta Vaticana.
(2 ) L u s c h in . Das Wertverhàllniss ^wischen den Edelmetallen in Deutsche-
land.
(3) G u m o w s k i . La marc et la monnaie des Piastes ( p o l o n . ) e t F r i e d e n s -
b u r g , Codex dipl. Silesiae, XII.