santés; plusieurs d ’entre elles, dès cette époque, ont eu
un atelier monétaire ; il est des statères d’electrum, de
poids milésiaque, qu’on classe à peu près sûrement à
Ephèse et à Smyrne. Ces villes de l’Ionié méridionale
sont donc ên situation de revendiquer, chacune, un lot
des monnaies d’electrum, de poids milésiaque, que
l’absence de légende et la variété des types nous obligent
de laisser en bloc aux incertaines de l’Ionie méridionale
et c’est dans ce groupe anonyme que nous devons placer
le statère de la collection Jameson.
Il présente des particularités de fabrique et de style
qui sont communes à tout le groupe de pièces milér
siaques, en même temps qu’elles sont étrangères aux
pièces, de poids phocaïque, de l’Ionie septentrionale.
Comparons, par exemple, le statère Jameson à ceux dont
le classement à Milet paraît assuré. C’est le même flan
allongé, à bords arrondis. Nous avons observé tout à
l’heure que le taureau androcépbale ailé est entouré
d’une ligne de grènetis qui forme un rectangle autour de
l’animal dont l’aile même coupe et dépasse le grènetis.
Or, sur des statères au type du lion couché et détournant
la tête, — type bien milésien (Pl. XXIX, a et 3),
■— on voit ce type entouré de même d’un encadrement
rectangulaire, avec cette particularité similaire que, dans
un cas au moins, la queue du lion coupe et dépasse l’encadrement
(i).
n.
Le revers du statère Jameson nous présente trois em-
preintesjuxtaposées,dont la disposition est identique sur
les statères de Milet et d’Ephèse et peut-être aussi sur
(i) E . Babelon, Traîté. Descr. hist.y t. I, n°s 17; 18, 19, ¿ 3, et pl. I,
fig i 5 et 17 .
ceux des villes voisines classés aux incertaines. Au contraire,
les statères de poids phocaïque ont un tout autre
revers, généralement deux carrés équilatéraux, l’un sensiblement
plus petit que l’autre (-i).
Puisque je traite, en ce moment, des particularités
de fabrique de ces monnaies d’electrum de l’Ionie, qui
se placent chronologiquement dans la seconde moitié du
VIP siede ou au commencement du VI®, qu’on me permette
d’insister-un instant sur un détail curieux que j’ai
déjà signalé, mais sur lequel il n’est peut-être pas superflu
d’attirer l’attention du Congrès.
Remarquez d’abord, en ce qui concerne le statère
Jameson, que les deux petits carrés latéraux, places à
droite et à gauche du rectangle, sont identiques et ont
été produits par le même poinçon. Or, ce petit poinçon
carré était mobile, comme je vais l’établir.
On admettait autrefois, en ce qui concerne la fabrication
des monnaies grecques qui ont un carré creux au
revers, que ce carré creux était produit par l’enclume ou
pile sur laquelle on plaçait le lingot monétaire, tandis
que le type, généralement un peu bombé, qui figure au
droit de la pièce, aurait été le relief provenant du coin
mobile ou trousseau, tenu à la main par le monétaire et
sur la tige duquel il frappait un ou plusieurs coups de
marteau. C’est là une erreur qui a déjà été réfutée par
M. F. de Villenoisy (a)'et contre laquelle j’ai eu, moi-
même, l ’occasion de m’élever (3). On y revient encore
parfois, malgré levidence même, et l’on voit, par là,
combien il est difficile de déraciner un préjugé.
(1) B a b e l o n , pl. IV, fig. 3 et 5 ; pi, V , fig. 14.
( 2 ) F. d e V i l l e n o i s y , d a n s l e s Procès verbaux et Mémoires du Congrès de
numismatique de Paris en 1900, p. 55.
(3) E. B a b e l o n , Traité. Première p artie, t. f ,'p . 931.