Vaincu dans sa lutte contre Philippe le Bel, le vieux
comte et son fils aine Robert de Béthune, s étaient, en
effet, constitués prisonniers dès le mois de mai i3oo, et
la Flandre avait été réunie à la couronne. Le traité
monétaire du 2 avril ne put donc être appliqué que
pendant quelques semaines et son action se trouva natu-
rellenmnt suspendue durant tout le temps que les
Français occupèrent la Flandre, c’est-à-dire jusqu’à la
victoire des communiers flamands à Courtrai ; mais il
est à supposer qu’il fut alors remis en vigueur. C’est
tout au moins ce qu’il est logique de déduire de la procuration
donnée le 3 i juillet i 3o4 par la ville de Gand
aux députés chargés de la représenter à l’assemblée qui
devait se tenir à Termonde, au sujet des affaires des
monnaies entre la Flandre et le Brahant (i).
V.
Ons accorde généralement pour considérer commeayaiit
été frappés à la suite d ’une convention spéciale, signée
par le duc Jean II et par le fils de Gui de Dampierre.
Jean I, comte de Namur (1297-1331), deux gros tournois
dont l’un, au type du châtel brabançon, a pour
légende IOtyS GOS N2ÏÎIÎR— BR2ÏB7CIOTIE DV2Ç
et l’autre, au type du châtel namurois, M0 NEW7Ï ,
N21MVI - B7TRB2TIOTIE DV2C (a). Dans ce cas, la
convention Brabant-Namur serait une conséquence
toute naturelle du traité Brabant-Flandre de i 3oo et
tous deux auraient pour origine la lutte de Gui de Dampierre
contre son suzerain, le roi de France Philippe
le Bel.
(1) Revue belge de Numismatique, 1886, p. 84.
(2) Histoire monétaire des ducs de Brabant, 33o et 331.
Aux alliances monétaires, créées par le comte de
Flandre, s’ajoute celle qui se fit entre deux partisans de
la France. Nous voyons, en effet, le comte de Hainaut,
de Hollande et de Zélande, Jean II d ’Avesnes, l’allié de
Philippe le Bel, autoriser, quelques jours avant sa mort,
Jean Hanon à forger des monnaies blanches et noires à
Cambrai. D’après M. Robert, le savant auteur de la
Numismatique de Cambrai, l’évêque de cette ville, Gui
de Collemède, pour obtenir dans le Hainaut la libre
circulation de sa monnaie, repoussée ailleurs, aurait cédé
à Jean d’Avesnes non seulement le contrôle de l’atelier
monétaire épiscopal, comme le fit l’évêque Pierre, en
i3 i2 , en faveur du comte de Hainaut, Guillaume I ,
mais encore l’administration même de son hôtel des monnaies,
à la tête duquel Jean II aurait placé un de ses propres
agents. Nous croyons, pour notre p a rt, que l’influence
du roi de France ne fut pas étrangère à cetté
concession, faite par l’évêque en faveur de l’ennemi
héréditaire des Dampierre.
VII.
Le même fait de deux unions monétaires correspondant
à deux groupements politiques opposés se reproduit
d’une façon plus marquée encore au temps de Philippe
van Artevelde, alors quele roi d ’Angleterre, Edouard III,
disputait à Philippe de Valois le trône de France.
La première manifestation des ces nouvelles unions monétaires
est le traité passé le i er mars 1337 entre le duc de
Brabrant Jean III, entraîné un peu malgré lui dansleclan
hostile à Philippe, et le cdmte de Hainaut, Guillaume I,