La défaite finale de 1849 a été funeste pour la vie
artistique hongroise qui n ’en était qu’à ses débuts.
Avant cette guerre, la vie hongroise, aiguillonnée par les
exhortations du grand Széchenyi, accusait encore des
tendances artistiques. Après la guerre, ce fut fini. Épuisée
par la formidable saignée, exaspérée par la défaite, la
nation se repliait sur elle-même et n ’avait aucune aspiration.
Les grands patriotes erraient dans l ’exil. Le régime
absolutiste qui pesait sur le pays persécutait et étouffait
toute manifestation de l’esprit national. Nul ne songeait
a graver ou même à contempler des médailles et des
plaquettes. Lorsqu’on réussit à déterrer la sainte-couronne
hongroise qui avait été enfouie à Orsova, on ne
t fiapper qu une piètre médaille dépourvue de toute
valeur artistique.
Pendant une dizaine d’années,la nation restait engourdie.
Ce ne fut qu’en 1860 qu’elle reprit haleine. On
négocia avec le roi sur la réconciliation, et l’esprit
national se réveilla. La vie littéraire se ranima; on se
mit à peindre des tableaux historiques un peu fantaisistes.
Il y eut même quelques créations dans le domaine
de la plaquette.
Mentionnons d’abord les plaques de François Kugler
un sculpteur de talent, qui ne reçut que fort peu de
commandes On connaît surtout sa plaquette qui figure
le célébré ophtalmologue hongrois, le docteur Jules de
Siklôssy. Kugler était un classiciste qui savait pourtant
sauvegarder son individualité.
L’effort de Kugler resta sans suite, car les amateurs
hongres préféraient s’adressera des médailleurs viennois.'
Dans la Monnaie nationale de Kôrmôczbânya, les graveurs
acceptaient bien des commandes, mais ils subissaient
l’influence exclusive des professeurs de l’Académie
les Beaux-Arts de Vienne.
Vers 1 8 7 9 ,nous eûmes enfin un graveur,CharlesGerl,
qui produisait de nombreuses médailles avec beaucoup
de patriotisme, avec beaucoup de connaissances techniques,
mais avec un sens artistique médiocre.
Son collègue cadet, : Joseph Reisner, qui travaille
encore très assidûment, montre déjà un plus vif entendement
pour l’esprit de la médaille moderne.
On ne saurait dire que ces deux médailleurs aient
exercé une certaine action. Ils sont restés isolés. Ce sont
d’autres artistes qui ont donné des impulsions à la
médaille hongroise.
Antoine Lorânfi, qui est encore le professeur de la
petite plastique à l’Ecole de l’Art décoratif à Budapest,
fut pendant longtemps à peu près le seul qui s’occupa
en Hongrie à modeler des reliefs de petites dimensions.
Les débuts remontent à r884; mais ce n’est que dans
des intervalles distancés qu’il s’attachait à modeler des
plaquettes, de sorte que son style ne s'est pas développé.
Mais il a toutefois le mérite d’avoir engagé de nombreux
jeunes artistes à cultiver son art.
L’histoire de la médaille hongroise modernecommence
avec François Szârnovsky.
Cet infortuné artiste naquit en i 863,à Budapest. Il fit
ses études artistiques à l’Académie des Beaux-Arts de
Vienne et, vers 1 8 8 8 , il se rendit à Paris et en 1 8 9 0 à
Londres et puis en Italie. En i 893, il retourna à Paris et
y fit un plus long séjour. ,
L’année i 8 9 3 marque un point tournant dans sa vie
artistique.
Pendant son premier séjour à Paris il s’était peu
occupé de la médaille. Mais lorsqu’il y rentra ën 1 8 9 2 ,
son esprit fut hanté par les problèmes de l’art des plaquettes.
Il créa plusieurs oeuvres qui accusaient un beau