compte de ce que la politique de cet empereur fut extrêmement
libérale au point de vue religieux. Constantin
e l Licinius s’étaient rencontrés à Milan en février 3 i 3
pour donner la paix religieuse au monde romain. Ils
accordèrent à tous leurs sujets la liberté la plus absolue
de pratiquer la religion qu’ils préféraient (liberam
atque absolutam colendaereligionis suae faeultatem) (i).
Cette liberté était spécialement, et cinq fois de suite,
dans les décisions impériales, accordée aux chrétiens,
mais elle s’étendait également aux païens; elle avait été
éloquemment réclamée par les chrétiens, puisque sa
cause fut plaidée par Tertullien et plus tard par Lactance
dans ses divines institutions, quelques années avant qu il
devînt précepteur de Crispus (2). Elle entra dans les,
moeurs avec le triomphe de Constantin et dura probablement
pendant tout le règne de cet empereur. Les
fonctionnaires païens en profitèrent pour ne rien changer
à leurs habitudes; pour continuer à rédiger leurs
actes suivant les mêmes formules païennes qu autrefois;
pour représenter au revers des médailles, des dieux,
puis des figures, puis des symboles païens.
La chancellerie semble avoir reçu des éléments nouveaux
parmi ses membres lors de son transfert à Constantinople,
en 33o; mais le mouvement imprimé aux
arts était dès lors un fait accompli, il devait avoir ses
conséquences utiles. La majesté de la figure impériale
( i l Voir la traduction en grec par E u s è b e . H is t. E ccl., VIII, 17. — L a c
t a n c e , de mort, pers., XLVIU : omnibus liberam potestatem sequendi
relieionem quam quisque voluisset, etc. _
• (2 ) L a c t a n c e . Div. in s t.,V , 10. & Les la ir e s des empereurs Constantin
et Licinius accordent aux païens les deux libertés religionis suae et obser-
vantiae. Lactance de Mortibus Persecutorumi XLVIII. La representation
du 5 o/ Invictus représente la première de ces libertés; celle de l'expression
publique de la foi ; la liberté du culte est la seconde.
survécut au paganisme ; et de gracieux motifs d’ornementation
furent conservés par les artistes chrétiens qui
n’avaient d’abord exprimé leur foi, ainsi que l’empereur
lui-même, que par l’inscription des croix et des monogrammes
chrétiens sur les monnaies (i). L art de la gravure,
comme les autres arts plastiques, hérita des traditions
d’ateliers et reproduisit des motifs anciens qu’une
renaissance momentanee^de 1 Hellenisme avait sauve
d ’une disparition totale.
J. M a u r ic e .
(i) Les signes chrétiens étaient ce que l'empereur Constantin et les magistrats
monétaires qui les inscrivaient voulaient qu’ils fussent : une manifestation
de leur foi ; mais ils n’avaient aucune valeur artistique. Seules les figures
idéalisées d’empereurs les yeux levés au ciel dans l’attitude de la priere,
attitude pieuse et chrétienne indiquée par Eusèbe ( Vila Constanlim, IV, i),
eurent une valeur artistique, parce qu’il s’agissait dans ce cas de traiter
l’effigie impériale {Num. Constant.. I, p. cxxxvii) et de l’idealiser.