lettres archaïques sans recherche et avec un parfait sens
du bon style; le revers de la médaille est également
bien réussi. La facture rappelle les médailles de la
Renaissance italienne avec leur relief en forme de
lentille. Il est évident que l’artiste a connu les médailles
italiennes.
Nous avons de cette même époque ( i835) la plaquette
elliptique d Ignace Bezerédi, conseiller royal, premier
sous-préfet du comitat Gyôr. La plaquette est l’oeuvre
d’Antoine Fruman. Ce nom est tout ce que nous savons
sur cet artiste. La plaquette dénote la connaissance
exacte des formes; la facture est un peu classique: nous
sentons que l ’artiste a saisi les traits caractéristiques de
son sujet et que Je portrait a une valeur artistique.
Nous laissons de coté quelques créations isolées pour
passer à deux séries de plaquettes qui Rénotent les tentatives
de leur époque. La première se compose de
plaquettes moulées circulaires qui figurent èh bustes les
princes et les rois de la dynastie des Arpâds. Nous
n ’avons de données exactes ni sur l’auteur ni sur la date
de ses oeuvres. Mais il nous semble évident que la série
remonte à 1 epoque de 1840 à 1848. Elle dénote bien les
efforts politiques et littéraires de cette époque, dans
laquelle la nation aimait à plonger dans le passé, à
glorifier ce passé, pour y puiser la confiance dans son
avenir.
L auteur de la série ne se préoccupait point des règles
de la médaille et il ne sait pas trop ce qu’il est possible
et permis de faire sur une plaquette :% son dessin accuse
des fautes, le modelage est rudimentaire, contraire aux
principes de la r t dii statuaire; mais l ’artiste parle
du coeur, ce qui donne à ses plaquettes quelques traits
gracieux et agréables.
L’autre série a été faite avant la guerre de 1849. p e
sont des plaques de cuivre rondes portant les portraits
d’hommes d’État et d’écrivains de cette époque. Le
dessin est une gravure en bas-relief peinte en noir. Le
dessin seul est en bas-relief, en quelque sorte une transition
entre le négatif de la gravure et la médaille. Nous
pourrions les désigner comme médailles gravées avec
procédés de dessin. Ce sont les produits d’une époque
littéraire, naïfs et gracieux comme les plaquettes des
rois de la dynastie d’Arpûd. Ce sont les tentatives
d’artistes non-professionnels pour un public dont lâtne,
absorbée par les graves soucis patriotiques, a peu de sens
pour les intimités artistiques.
On voit que cette époque qui a donné des impulsions
à la vie intellectuelle du pays, porte des traces d ’efforts
dans le domaine de la médaille. Elle a eu ses graveurs
et ses amateurs de médaille. Le développement n ’a point
été systématique, mais il est incontestable que si la
Hongrie avait pu avancer paisiblement dans la nouvelle
voie, la médaille n ’aurait pas dû attendre longtemps
pour prendre son essor.
Mais la guerre de 1848-49 a fatale pour la médaille
hongroise aussi. En France, la Convention de 1792 a Pu
décider que le souvenir de tout événement favorable
pour la république sera perpétué par une médaille qui
servira pour l’histoire et pour le développement artistique.
Chez nous, on ne pouvait guère songer à pareille
chose. Pendant la guerre de liberté, la vie artistique
s’arrêtait net: nul ne songeait a fondre dés médaillés/
on ne fondait que des canons. Les quelques médailles de
cette époque qui se rapportent à notre guerre d indépendance
furent frappées à l’étranger, de sorte qu’il n’y a
pas lieu d’en parler ici.