le type caractéristique est accentué par les mèches désordonnées
de la chevelure d’un veillard peu soucieux de
leur arrangement; par les rides séculaires qui labourent
tout son visage; par l’oeil petit qui ne semble apparaître
que sous l’effort des muscles détendus par l’âge.
Le nez est' franchement modelé ainsi que la conque de
la grande oreille; la bouche s’affaisse dans le creux de la
joue et le menton se fond dans la graisse du cou; la
physionomie reproduit le sourire propre aux veillards
sourds (i). L’ensemble constitue un type caractéristique
qu’on ne saurait oublier. Malgré les ravages du temps,
la physionomie a conservé la distinction imprimée par
une Faute intelligence.
Imitant des exemples antiques, Roty a reproduit au
revers le même personnage représenté en entier. Il est
assis dans un fauteuil; son costume moderne révèle une
indifférence pour les exigences de la mode digne d’un
savant absorbé par des spéculations élevées. Ce n ’est pas
unie divinité antique, mais une délicieuse française qui
vient saluer, avec un respect filial, l’illustre centenaire.
Elle le félicite plus de la main que de la voix, en lui
offrant sa couronne; ses draperies, sans être au goût
passager du jour, sont cependant modernes. Pas n ’est
besoin de lire l’inscription : « La jeunesse française au
doyen des étudiants », pour comprendre la signification
du tableau ; il remplit bien le champ et s’y rattache par
des accessoires légèrement indiqués : une table chargée
d’éprouvettes, tandis qu’un monceau de livres, un parT
chemin portant les titres des principaux travaux du chimiste,
d’un relief plus accusé, donnent une base solide
au groupe.
( i) .J ’ai eu l’occasion de .constater qu a cent ans l’illustre chimiste était
atteint d’une surdité complète.
L’opposition entre la prime jeunesse de la vierge et le
vieillard arrivé au terme de sa vie, ajoute un accent
dramatique à l’apotliéose du vénérable savant.
Nous trouvons l’acte solennel célébré par la médaille
de l’alliance franco-russe de Chaplain. Les types nobles
des deux nations, les mains jointes en exergue accentuent
la signification du droit.
Au revers, la République Française acclame d ’un bel
élan et d’un geste expressif, dont sont agitées ses draperies,
l’entrée de la flotte du Tsar dans le port de Toulon.
Nous trouvons plus de solennité encore dans l’admirable
figure de la France, en deuil du président Carnot,
déposant son vote en faveur de Casimir Périer; la belle
simplicité des draperies, toute l’allure déterminée de
l ’électrice, indiquent l’accomplissement d’un devoir
civique.
Nous croyons pouvoir affirmer que jamais un graveur
grec ou italien n’a atteint la grandeur tragique qui se
dégage de l’étonnante plaquette des funérailles de Carnot
par Roty : six pleureuses enveloppées de voiles
portent le cercueil vers le Panthéon isolé, au milieu du
vide sinistre du revers.
Cette impression dramatique est cependant réalisée
avec une merveilleuse simplicité de composition qui
émeut le spectateur de cet incomparable chef-d’oeuvre.
Ces deux maîtres, Chaplain et Roty, nous enseignent
donc comment doit être traitée la médaille historique;
ajoutons qu’ils l’ont réalisée grâce à une maîtrise impeccable
de la forme humaine, condition primordiale de la
beauté de toute oeuvre d’art. Il est indispensable cependant
d ’y ajouter le sens poétique qui permet à l’artiste
de synthétiser l’idée dominante en saisissant celle de ses
manifestations qui provoquera l’émotion la plus pro