convenir, qu’à plus forte raison, il devait en être de
même pour les systèmes monétaires des premières
époques, alors que l'Empire était à l’apogée de sa richesse,
de sa gloire et de sa puissance.
La compétence de l’auditoire auquel j’ai l’honneur
d’adresser la parole, me dispense d’énumérer ici les
nombreuses anomalies que l’on veut que les monnaies
frappées pendant les trois premiers siècles de l’Empire
présentent; anomalies que, en grande partie l’on attribue
à des fautes continuelles commises par les gouvernements.
Je crois pourtant utile de résumer la conception
qui domine sur le monnayage romain du IIIe siècle en
rappelant ce qu'écrivait à ce propos Mommsen (i).
« L’antoninianus avait passé graduellement du hillon
» au cuivre; la couleur blanchâtre et argentine qu’on y
» appliquait, mais qui ne durait pas, donnait aux pièces
» neuves l’apparence d’argent.
» Le gouvernement fut, sans aucun doute, seul cou-
» pable de cette altération, mais des fraudes considérables
» peuvent être mises sur le compte des officiers moné-
» taires. car, tout gouvernement qui trompe et qui vole
» est à son tour volé et trompé par ses agents: »
Si cette manière de voir était adoptée, il serait puéril
de prétendre reconstituer le système monétaire de la
réforme deDioclétien, étant donné que ses monnaies sont
également argentées. Et, du reste, comment serait-il possible
d’édifier un système quelconque au moyen de
monnaies qui n ’avaient pas valeur réelle? Aucun raisonnement
ne pourrait résister à de semblables preuves !
Pourtant la dite théorie démontre que, si d un côté les
derniers antoninianus ont été argentés dans le but de les
(,) T h . M om m s e n , Histoire de la monnaie romaine, trad. par le duc de
Blacas, t. III, pp. 94-95.
faire circuler avec une valeur supérieure à leur valeur
intrinsèque, d’autre .part, la ineme théorie persiste , à
calculer les monnaies de la réforme de Dioclétien à la
seule valeur du bronze représenté par leur poids respectif.
Il est évident que les deux solutions sont contradictoires.
Ou bien toutes les monnaies argentées doivent
être évaluées au-dessus de leur valeur réelle, pu elles
doivent, toutes, être évaluées au taux du métal dont
elles sont composées.
Je n’énumérerai pas ici les diverses raisons que j ai
opposées à ces théories ; elles figurent dans une etude que
j’ai intitulée Le Monete imbiancate oppure stagnate (1).
Je me bornerai à dire, que les premières pièces argentées
parurent, dans le monnayage de Rome, iorsqu on introduisit
dans son système monétaire des monnaies dont
l’alliage se composait de cuivre et d’argent; mais ce métal
qui était en quantité minime, n’était pas suffisant pour
que sa couleur blanche altérât la couleur rougeâtre du
çuiyre ; par suite, si on avait laisse aux monnaies contenant
de l’argent leur couleur naturelle, celle-ci ne pouvait
différer de celle du cuivre. Celte couleur aurait
constitué une arme formidable pour les faussaires qui
pouvaient, à leur tour, fondre simplement en cuivre des
pièces pareilles qui n ’auraient pas été dissemblables, à
l’extérieur, de celles émises par le gouvernement, à une
valeur supérieure. Par conséquent, il fallait que le gouvernement
garantisse ses produits à l’encontre de ceux
des faussaires et cette garantie devait être obtenue en
recherchant une ligne de démarcation positive entre les
monnaies frappées et les monnaies coulées. On songea
donc à l’argenture des flancs qui ne pouvaient reluire
(1) Rassegna Numismatica, anno IIL (iQo5), n01 o et 6, pp. 06 et 82.