Nous voulons en troisième lieu attirer l’attention de
nos lecteurs sur les rapports des médailles satiriques et
des estampes.
Une des plus curieuses médailles satiriques se trouvant
dans le Cabinet des Médailles de La Haye, est une plaque
en argent gravée en forme de coeur se rapportant aux
troubles des années i 5 6 o - i 5 6 6 .
L’avers montre trois scènes de l’histoire de ces temps
mouvementés. A gauche, nous voyons réunis en séance
six évêques sous la présidence du fameux Granvelle | au
premier plan, un chat mitré dévore une souris : très probablement
nous devons y voir une satyre contre l’installation
des évêchés, dont le dicton populaire disait que
les nouveaux évêques vivaient avec leurs ouailles comme
le chat avec la souris.
Nous n ’avons pas pu trouver une estampe se rapportant
à cette séance des évêques, les deux autres scènes
représentées sur la médaille sont copiées fort probablement
d’estampes du temps, que l’on rencontre dans le
recueil connu de Hogenberg. Ce sont, en premier lieu, à
droite : les nobles adressant leur requête à la gouvernante
Marguerite de Parme; en haut, la gouvernante est
assise sur un trône, tandis qu’un des nobles lui tend
l’adresse ; en bas, l’on voit les nobles qui se trouvent
devant le palais et montent l’escalier. Sur l’estampe, on
voit cette scène représentée de la même manière. A
gauche, nous voyons un des prédicateurs de la nouvelle
religion qui fait un sermon à son auditoire au milieu des
champs, des hommes armés entourent la foule pour la
protéger contre les attaques de ses ennemis. Ici de nouveau,
le graveur a copié une estampe, et les détails sont
absolument identiques.
Au revers, un troisième épisode est représenté ; c’est
l’attaque contre'les églises,¿où la foule brise les statues
des saints. Une troisième estampe de Hogenberg nous
représente la même scène.
Encore plus curieuse est la manière dopt le graveur de
la médaille a rempli le côté droit du champ du revers.
En haut se trouve agenouillée et tendant les mains vers
le ciel une femme personnifiant les Pays-Bas (Germania
inferior) ; dans les nues une main.tient un cceiir(Cor
regis in manu Dei), dit l’inscription, faisant allusion, sans
doute, à la crainte des habitants de ces pays quand le roi,
Philippe II, apprendrait ce qui s’était passé aux Pays-
Bas ; un peu plus en bas; la Miséricorde est figurée par
une femme allaitant son enfant. Plus bas encore, nous
voyons la gouvernante qui pêche dans un étang avec un
grand filet et en retire des coupes, de petites caisses et
d e s j o y a u x . L ’ a u t e u r a v o u l u s y m b o l i s e r l ’a v a r i c e n o l o i r e d e
« Madame de Parme ». Le bas du champ est rempli par
les membres des États, pétrifiés par la terreur en voyant
les exécutions qui devaient terroriser les habitants. Le
fait que l ’on retrouve tous ces motifs sur des estampes
satiriques du temps est à noter.
Il y a une grande estampe (chez Muller, 5 i 8) où le
personnage principal siégeant au milieu, est le fameux
duc d’Albe; devant lui, comme la Germania inferior de
la médaille, sont agenouillées des femmes, personnifiant
les provinces des Pays-Bas; derrière elles, sont les membres
des États pétrifiés de terreur; un peu plus haut,
nous retrouvons la gouvernante péchant des trésors.
•La médaille porte, Comme nous l’avons dit, les dates
i 56o - i566, l’estampe i 56g, de sorte que la médaillen’a
pas copié l’estampe; nous supposons que les deux pièces
remontent à un autre original.
Une deuxième médaille satirique, est une pièce mèr