romaine de la barbarie (i): Mais il n ’y avait pas que les
rhéteurs qui Sortaient des écoles; les fonctionnaires, les
magistrats, les médecins, les représentants de la bourgeoisie
s’y instruisaient également. Nous possédons quelques
précieux témoignages des panégyristes qui nous
prou vent que la chancellerie se recrutait parmi les anciens
élèves des écoles de rhéteurs.
L’auteur qui a prononcé en 3 io le VIIe panégyrique,
se vante de ce que beaucoup de ses auditeurs ont eu
accès aux plus hauts emplois et aux charges du palais,
(ad officia palatii) (2). Le rhéteur Eumène avait déjà indiqué
en 297 les aspirations de ses élèves (ad stipendia
cognitionum sacrarum aut fortasse ad ipsa palatii magister
i a l ) . Parmi les emplois du palais il faut placer les charges
de la chancellerie. Les membres des bureaux du comte
des largesses sacrées qui envoyait aux ateliers monétaires
les descriptions des revers à faire exécuter par les artistes,
sortaient des mêmes classes de grammaire et de réthorique
que les orateurs officiels. Or les écoles furent au IVesiècle
le siège d ’une véritable renaissance de l’Hellénisme.
« Au moment ou le paganisme se meurt, dit G. Jullian,
il s’enveloppe et se pare de ce qu’il a produit de plus
beau et de plus vrai. Le IVe s:ècle vit en Gaule comme
en Grèce une renaissance de l’Hellénisme. Ce mot désigna
longtemps la religion Ou plutôt la tendance religieuse qui
(1) Voir le livre de C. J u l l i a n sur Ausone et B ordeaux. Paris, 1893.
(2) Paneg., VII, c. 23. Multi sectatóres mei etiam provincias tuas administrant
.
(3) Paneg.y IV, c . 5. Voir G a s t o n B o i s s i e r , L a fin du paganisme, 1 . 1, les
chapitres sur l’Instruction publique et le Christianismë et les écoles Les
expressions néoplatoniciennes qui abondent dans le code Théodosien prouvent
que les membres du Consislôrium l'rincipis et les N o ta n t qui enregistraient
leurs décisions, restaient sous l'impression de renseignement,
qu’ils avaient reçu dans les écoles.
s’opposait au christianisme » (i). Les écoles présidèrent
à ce mouvement.
La philosophie que l’on y enseignait était celle de
Platon ; le premier auteur que l’on y apprenait, Homère.
C ’e s t à ce réveil de l’Hellénisme que l’art dut le renouveau
dont nous avons parlé. Les graveurs qüi avaient encore
des traditions artistiques, et des modèles dans les
collections de coins conservées dans les ateliers, exprimèrent
dans leurs compositions les idées de la philosophie
régnante qui se prêtaient aux scènes symboliques.
Le dernier éclat de l’Hellénisme d’une part, le faste et
la grandeur du règne de Constantin d autre part, produisirent
une renaissance des arts, quoique limitée et momentanée.
Il reste à expliquer comment ce mouvement,
qui n’a rien de chrétien, put se produire, principalement
après la conversion de Constantin. Cet empereur témoigna
de sa faveur pour les écoles publiques et pour les
professeurs. Par une loi datée de 3a t f^), c’est-à-dire
publiée à l’époque où il édictait toute une législation en
faveur de l’église catholique (3), il prit des mesures en
faveur des écoles dont il ne pouvait pourtant pas ignorer
renseignement païen. Il voulut assurer aux professeurs la
dispense de toutes les charges publiques avec la possibilité
des magistratures honorifiques, et leur assura la
régularité du paiement de leurs traitements par les
municipalités.
Ces dispositions peuvent surprendre de la part de
Constantin. Elles étonneront moins si l’on se rend
(1 , J u l i a n , loc. c it., p. 8 0 . Celà est vrai du IVe et d u Ve siècle, mais il'
n’en était pas. de même à l’époque du fondateur de l’école-d’Alexandrie
Platin ; l’hostilité contre les chrétiens ne remonte quà Porphyre .
(2) C o d . T h é o d '. Lib», XUl, tit. 3, lex 1.
(3) Num. Constant., I, cxvm,.cxix.