centaines de mille —, n’avait été entaillée, pas plus que
les pièces d’orfèvrerie. Au contraire, la plupart des
déb ris annonçant un usage inconnu, portaient de nombreuses
traces d’entaillures.
Mais allons plus loin.
A l ’époque suivante, les dirhems arabes sont remplacés
par des deniers provenant de presque toutes les parties
de l’ancien empire de Charlemagne, de même que par
des pièces de monnaie anglo-saxonnes, hongroises et
bohémiennes. On peut dire qu’à peu près toute l ’Europe
civilisée de ce temps y est représentée.
C’est dans cet amas de centaines de coins différents
que nous apercevons pour la première fois la monnaie
du pays, c’est-à-dire les deniers de Miesco Ier et de son
fils, le roi Boleslas Chrobry.
Ici, de même qu’à l’époque précédente, les monnaies
sont accompagnés de fragments d ’orfèvrerie et
d ’argent fondu. Et cependant l’aspect extérieur des trouvailles
en diffère remarquablement.
Sauf les morceaux d’argent travaillé qui sont restés
intacts, on voit que toutes les pièces sont plus ou moins
mâchées. En outre, nous remarquons encore un fait très
caractéristique, c’est que les dites pièces possèdent à leur
surface des entaillures, provenant d’un outil à tranchant
recourbé, tout le contraire de celles dont il était question
précédemment et qui nous montraient l’usage d’un couteau,
ou de quelque autre instrument à tranchant droit.
Ces entailles, longues de près de deux millimètres, ont
toujours le même aspect. Le tranchant ayant repoussé
l’éclat, a formé dans le métal une fissure, dont le contour
ressemble à un arc.
L’époque en question, la troisième, commence au
déclin du XB siècle et dure une cinquantaine d’années
encore..pour prendre ensuite fin tout a fait subitement.
Les trouvailles qui datent de la seconde moitié du
XIe siècle et qui appartiennent à l’époque suivante et la
dernière qui nous intéresse, ne renferment que de la
monnaie du pays, c’est-à-dire des deniers polonais. On
n’y trouve plus de pièces étrangères, sauf peut-être deux
ou trois deniers hongrois ou bohémiens apparus entre
mille. Les frag'ments d’orfèvrerie, les morceaux d’argent
fondu disparaissent. Il n’y a plus d’entaillures ni de
pièces mâchées.
Passant en revue Ces différentes époques, un fait singulier
attire notre attention. Je veux parler des objets
en argent se trouvant enfouis avec des pièces de monnaie.
L’explication n’en est pas thop difficile.
La présence de ces objets atteste que le commerce de
ce temps ne s’effectuait pas avec de la monnaie, mais
avec des morceaux de métal d’une pesanteur réglée. La
forme extérieure de l’objet n’y était pour rien. Le débiteur
donnait pour la marchandise telle quantité d’argènt
fondu, d’orfèvreries et de monnaies brisées, le tout formant
un poids fixé d’avance.
Mais il y a encore un autre fait qui mérite également
d’être relevé, d’autant plus qu’il a passé inaperçu jusqu’à
nos jours.
Ainsi, parmi les barres en argent se trouvant dans les
dépôts dont il était question, on'en voit toujours quelques
unes qui ont un aspect tout à fait spécial.
Ce sont des morceaux de métal d’une longueur différente,
qui varie entre 4 et io centimètres, On les a obtenus
sans doute en versant de l’argent fondu sur quelque
matière dure et résistante à la chaleur — supposons de
l’argile. Il en résulta de petits pains en métal qui
furent transformés ensuite, à l’aide d’un marteau, en des