la liberté hongroise. L’une des plaquettes de Râkôczy
est un véritable modèle du genre. Il voue un véritable
culte à Petôfi, le grand Tyrtée de la liberté hongroise.
Sur une autre plaquette, c’est sainte Elisabeth de Hongrie
qui est figurée par une ravissante petite tête de
femme. D’autres plaquettes représentent la création du
Musée national hongrois et les traits du comte François
Széchenyi, fondateur de cette grande institution.
Nous devons une mention spéciale à la plaquette
Gyulai, créée en 1906, pour le quatre-vingtième anniversaire
de naissance de cet illustre poète et critique littéraire.
Dans cette oeuvre, Beck rompt avec toutes les
habitudes : au lieu de nous présenter le portrait du jubilaire,
il nous donne l’illustration d’une célèbre poésie
de Paul Gyulai, et ce n’est pas une de ces odieuses illustrations
que j’appeleraispurement zincographiqües, mais
une plaque de bronze qui nous fait saisir le thème de la
poésie de Gyulai.
L’artiste nous présente Ja défunte mère qui apparaît à
ses trois orphelins. L’attention est attirée sur la mère par
une vigoureuse ligne verticale qui laisse pourtant en
relief l’attitude douloureuse de la tête etles beaux motifs
qui se dessinent dans les mouvements finement marqués
des mains,mouvements que des lignes horizontales transmettent
vers le groupe gracieusement disposé des trois
enfants. A droite, le mur dénudé d’un placard nous
donne une étrange impression et complète le mouvement
de revenant de la mère et fait mieux ressortir la figure
principale du coin gauche. La calme décoration du fond
nous donne une perspective sans altérer le caractère propre
de la plaquette.
Le portrait de Jean Balassa, le célèbre professeur de
médecine, a été gravé à la même époque. Le modelage
est traité en plat d’une main de maître, et, malgré sa
simplicité, la plaquetLe fait un effet monumental, et
compte parmi les meilleures créations de Beck.
Parmi les plaquettes plus récentes de l’artiste nous
relevons la tête caractéristique du comte Etienne Tisza,
ancien premier ministre hongrois (1907).
Beck a créé ces oeuvres à la fleur de l’âge. En 1909, il
a modelé la plaquette de Keiemen Mikes, le secrétaire
de François Bâkôczy II. Mikes a suivi son maître dans
l’exil et a écrit desletlresqui constituent un chef-d’oeuvre
de notre littérature de mémoires. Ici encore c'est la composition
qu’il importe de relever. L’artiste avait à placer
une figure assise qui écrit, et utiliser la place avec la plus
grande économie. La figure nous montre que le problème
est résolu à merveille. Le secrétaire assis se penebe sur
la table, sa large épaule et son sabre, discrètement marqués,
nous indiquent que Mikes a manié l’épée tout aussi
bien que la plume. L’attitude de la tête et le dos courbé,
dont 1 effet est rehaussé par les autres lignes qui vont en
sens contraire, produisent l’effet d’une profonde mélancolie
et donnent à la composition un caractère calme.
Ces exemples caractérisent la variétés des ressources
artistiques de Beck. Mais ce qui rehausse encore le
mérite de Beck, c’est l ’ardeur avec laquelle il s’appliquait
à perpétuer le feu sacré de son art. Tandis que
Szârnovszky abandonnait la plaquette dès 1896, Beck y
concentrait tous ses efforts et ne cessait jamais de maintenir
le mouvement qui nous a dispensé de la nécessité de
recourir à chaque occasion aux maîtres viennois.
Le maintien du mouvement est dû encore à un autre
éminent sculpteur hongrois, Edouard Telcs.
Beck pratiquait la propagande tout en restant toujours
enfermé dans son atelier. Mais il fut puissamment aidé