Avant l’invention du tour à réduire, les graveurs
ayant eu le tort de négliger leur éducation artistique
avaient pris l’habitude de demander un dessin à un
peintre pour l’inciser dans un morceau d’acier. D’où
plusieurs défauts : d’une part, le graveur n ’était plus
que le traducteur, toujours traître, du dessinateur, et,
d’autre psart, le peintre, ne connaissant pas les exigences
de la technique de la gravure, fournissait des dessins difficilement
traduisibles par elle. De là, décadence de la
médaille.
Après l’invention du tour, on crût la sauver en s’adressant
à des sculpteurs de mérite. Il y eut un progrès,
mais on n’avait pas songé qu en somme la médaillé
n ’était plus que la reproduction fidèle d ’un bas-relief
modelé à l’aide de l’ébauchoir, en terré ou en cire, quelquefois
retouché sur le plâtre, par le grattoir, et que,
par ce procédé, on ne pouvait obtenir ni l’effet, ni l’accent
que donne le travail direct du burin dans l’acier.
C’est là malheureusement une vérité qu’il est difficile
de faire comprendre à qui n a pas manie a la fois 1 ebau-
choir et le burin, à qui n a pas pratique la sculpture
en relief et en creux. Nous l’avons expérimenté bien
souvent quand nous essayions de persuader a 1 un de nos
meilleurs sculpteurs qu’une médaille en bronze ne devait
pas être-traitée de la même manière qu’un bas-relief en
marbré : pas plus que le modelé d une statue destinée au
bronze ne devait être le même que celui d’une statue de
pierre.
La solidité, la ténacité du métal, la taille du burin
donneront au relief de la médaille une netteté, un
accent, voire même une sécheresse qui corrigent la
moindre valeur des ombres comparée à celle que donne
le marbre.
Le ciselet et le burin permettent de multiplier et
d’accuser les détails comme Je montrent les bronzes de
Benvenuto Cellini.
On peut constater combien dans nos médailles belges
les pieds et les mains sont insuffisamment modelés
l’absence d’articulations, de tendons leur ôtfc toute
expression. Nos artistes oublient que la médaille est une
miniature et doit dire beaucoup malgré son champ
restreint, sous peine de paraître pauvre, muette et veule.
Il est une expérience facile à tenter par tout sculpteur,
soucieux de la perfection de sa maîtrise, qu il
modèle en relief un motif quelconque à l’aide de 1 ébau-
clioir, puis qu’il prenne une plaque de plâtre et y creuse
le même motif; le moulage lui en donnera le relief. Il
lui suffira alors de comparer ces motifs identiques obtenus
par deux procédés différents, pour qu’éclate à ses
yeux l’influence des outils employés sur l’effet produit.
Qui ne distinguerait pas une page écrite à la plume
d’oie d’une page écrite à la plume de fer ?
Au point de vue de la médaille, un des avantages que
présentera le relief obtenu par la gravure en creux sera
de donner, avec une saillie moindre, une sensation de
relief beaucoup plus puissante que par le modelé en
ronde bosse.
Que le graveur veuille laisser le champ de sa médaille
uni, ou qu’il entende y tracer un paysage, une perspective.
il le fera plus facilement par la gravure que par le
modelé.
Quand on observe attentivement les médailles et les
monnaies obtenues par le tour qui a réduit un bas-relief,
modelé par un sculpteur, on constate des ondulations
sur le fond; souvent une rainure cerne les reliefs
ou bien un méplat les contourne, tandis que les médailles