non plus qu’aucune monnaie antérieure; toutes les
pièces qui le composaient étaient postérieures à 1 époque
de l’adoption par ce prince du monogramme de Karolus
entourée de la légende GRATIA D1-11 REX, qui eut lieu
certainement à la suite de l ’essai de réforme tenté à
Pitres, en 864. D’autre part, il ne s’j trouvait aucune
monnaie au nom d’un Karolus imperator. ni aucune
pièce susceptible d’être attribuée avec quelque vraisemblance
à Charles le Gros. La pièce la plus récente de
cette trouvaille, faite à quelques kilomètres de la ville de
Trojes en Champagne, celle qui avait le plus complètement
conservé la blancheur mate produite par la frappe,
était un denier de Carloman portant justement le nom
de Troyes.
Il est donc certain que, de même que toutes les monnaies
qui le composaient, le denier de Namur, rencontré
dans ce trésor, a été fabriqué entre 864 et 884, année de
la mort de Carloman.
On connaît trois vici du royaume de Lotharingie qui
ont émis des espèces offrant le monogramme de Karolus
entouré de la légende Ludovicus r e x ; ces localités, disséminées
le long de la Meuse, à peu de distance les unes
des autres, sont en commençant par le nord, Maestricht,
Yisé et Huy. .
C’est à cette série qu’il convient de rattacher le denier
analogue émis dans le vicus de Namur, situé également
sur la Meuse, un peu en amont de Huy.
En présence de l’association du monogramme de
Karolus et de la légende Ludovicus re x . M. C.-A. Serrure
et, après lui, MM. Engel et Serrure ont conjecturé
(1) que les monnaies auxquelles je viens de faire
(1) Cf. Notice sur le Cabinet de S . A . le prince de Ligne, 2' ëdit., p. 74,
et T ra ité .., p. 241.
allusion avaient pu etre frappees a la suite du traite de
Meersen, par lequel Charles le Chauve et Louis le Germanique
mirent fin, en 870, au différent qu’avait fait
naître entre eux le règlement de la succession de
Lolhaire II. Je ne puis me ranger à cette opinion (1).
En dehors de ce qu’elle peut présenter de singulier et
d’insolite, pour l’époque qui nous occupe, il convient de
remarquer que tous les ateliers en question se trouvent
situés dans la partie du royaume de Lotharingie concédée
à Charles le Chauve par le traitég o r, si leurs produits
étaient réellement des spécimens d’une convention
monétaire,Userait fort extraordinaire qu’on n’aitrencontré
nulle part, dans les états de Louis le Germanique, des
témoignages d’une fabrication réciproque.
Je préfère beaucoup me ralliera la manière de voir
absolument rationnelle de M. Prou (2), et admettre que,
Charles le Chauve ayant fait fabriquer, après 870, dans
ses nouveaux ateliers de Lotharingie, des monnaies portant,
comme dans ses autres états, son monogramme,
celui-ci demeura sur les espèces frappées pour Louis le
Bègue, lorsqu’il succéda à son père, en 877, et que seul
le nom du nouveau souverain fut substitué a la formule
GRATIA I REX.
Le denier de Namur, décrit dans ce paragraphe, doit
donc être attribué à Louis le Bègue, et cette classification
paraît aussi bien justifiée par les considérations historiques
que par les observations relatives a 1 époque de sa
fabrication.
(1) Elle obligerait à placer les deniers à la légende Ludovicus r e x atant
ceux qui portent GRATIA. D—I REX. ce que, dans le cas présent, le style
des pièces ne saurait permettre en aucune façon.
(2) Cataloguey pp. LXXXVI; 14 n° 92 ; i 5, nos 9^ et 94; et 16, n° 99*