IIo S é r i e . — Monnaies d'argent de système grec (tétra-
drachmes et quelques didrachmes ou drachmes), de
langue grecque ou latine. §¡7- Frappées par les empe-
a reurs.
En principe, l ’empereurseréservait dans tout l’empire
la frappe de l’or et de l’argent. Il émet donc à Antioche,
pour les besoins de la circulation en Orient, des monnaies
d’argent, généralement en grec, en tout cas de
système grëc, sans nom de ville. Ces espèces ont été
dénommées provinciales (1); comme ^les ne portaient
pas le nom de la province, mais seulement celui du
prince régnant, que d’ailleurs elles n’étaient pas spéciales
à la Syrie, mais devaient circuler également à Chypre,
en Cilicie, en Cappadoce (2), nous préférons les appeler
« Monnaies d’Empire », tout en reconnaissant que leur
système ne les destinait qu’à une région limitée.
Les premiers empereurs n ’ont pas tenu strictement à
leur droit surla monnaie d’argent: en véritables Romains,
ils ne se hâtaient pas d’unifier la coutume, ils savaient
que le temps travaillait pour eux. Aussi -y a-t-il à Lao-
dicée, à Séleucie, des monnaies d’argent sous Auguste,
Néron, avec le nom de la ville ; l’effigie impériale, apposée
par esprit de loyalisme, n’empêche que ce soient
là des monnaies locales, continuant un privilège antérieur
— peut-être moyennant un droit de rachat.
Antioche, au contraire, n ’avait pas monnayé l’argent à
l’époque républicaine. Auguste en profite pour y frapper
(1 ) Par M om m se n . Pick les qualifie Reichsmün^en.
(2) Ces pays formaient un groupe au point de vue monétaire; dans le reste
de l’Asie Mineure circulaient les cistophores et monnaies assimilées. Lenor-
mant a fait remarquer q u ’Antioche n ’a guère frappé que des tétradrachmes ;
Césarée de Cappadoce (et Sébasté de Cilicie, d’après Imhoof-Blumer), des
drachmes et quelques didrachmes.
la première monnaie d ’Empire syrienne sans nom de
ville (r) : le type employé, Tyché assise avec l’Oronte, est
une marque de provenance, de même que sous Tigrane,
dont on ne peut dire que les monnaies frappées à Antioche
ne fussent pas exclusivement royales.
Puis, à Antioche meme, Auguste, qui a cessé ses émissions
d’Empire en l’an 3i ap. J.-C., laisse frapper par
deux fois, en 36 et en 4a, un tétradrachme, qui a le nom
de la ville avec son titre de métropole et la date de l’ère
césarienne accolée à Père de l’empereur, sous tous autres
rapports pareil a u x précédents.
Un tel exemple montre qu’il n ’y avait pas d ’atelier
érigé en établissement d’État à l’exclusion de la Monnaie
municipale pour ces tétradrachmes : « La Movîjra dont
parle Malala en racontant que Dioclétien fit reconstruire
cet édifice, renversé par un tremblement de terre, produisait
simultanément, dans des officines diverses et sous
la direction des agents d ’autorités différentes, plusieurs
espèces de monnaies distinctes, comme l’Hôtel des Monnaies
de Rome depuis le jour ou la fabrication du Sénat
y fut réunie a celle de l’empereur. » Ainsi parle Fr. Le-
normant (2). En d autres termes, les monnayeurs étaient
tous réunis sous le même toit, et on ne jugeait pas nécessaire
qu ils travaillassent à 1 insu les uns des autres,
sous prétexte que ceux-ci étaient les agents de l’État,
ceux-là les employés du Sénat ou de la Ville. Joignez à
cela que les services ne fonctionnaient pas sans discontinuer
: le monnayage a eu presque toujours dans l’antiquité
un caractère intermittent. De là, des échanges entre
officines.
(1) Ou avec le monogramme d’Antioche (Rev. num., 1910, 3« fasc ) ;
mais cela ne change pas la thèse.
v2 F r . L e n o rm a m t , Arm, de la Soc. franç. de numism., 1S77, p. 5oo.