L’observation et la réflexion démontrent sans réplique
que le type bombé est, au contraire, l’empreinte de la
pile ou enclume fixe, tandis que le carré creux est produit
par le trousseau mobile tenu à la main par l’ouvrier
qui, frappant sur sa tige, fait pénétrer le métal par le
procédé du foulage, dans les parties les plus délicates et
les plus intimes du type de l’autre face.
Il était nécessaire de rappeler ce principe, aujourd’hui
bien démontré, pour comprendre ce qui va suivre : c’est
que les empreintes creuses du statère Jameson n’ont
nullement été produites par un poinçon unique qui
aurait porté en relief ces trois empreintes, l’une, rectangulaire,
et les deux autres, carrées. L’ouvrier s’est, au
contraire, servi de trois poinçons séparés, appliqués
isolément et successivement pendant que le flan monétaire
demeurait fixé sur l’enclume. El ceci explique
pourquoi, des deux petits carrés latéraux, l’un est plus
rapproché que l’autre du rectangle central : ils ne sont
pas équidistants.
La même observation peut être faite sur d’autres
pièces d’eleclrum contemporaines.
On classe, avec toute apparence de raison, à Milet, des
statères d’eleclrum de poids milésiaque, au. type de deux
mufles de lion de face, juxtaposés, qui ont pour revers
un rectangle creux entre deux petits carrés (i). Dans le
rectangle creux, on croit distinguer un renard allongé;
des deux carrés latéraux, l’un est sensiblement plus
petit que l’autre. Or, on connaît deux exemplaires de ce
statère, l’un à Londres (PL XXIX, 4), l’autre à Paris
(Pl. XXIX, 5); ils pèsent respectivement i 4 gr. 22 et
i 4 gr. 19. Le rectangle central est le même sur les deux
(1) B a b e lo n , n os 26 e t 27 e t p l. L fig. 20 e t 21.
pièces et il a été produit par le même poinçon. Il en est
de même de l’un des deux carrés, le plus grand : il se
retrouve sur les deux pièces. Mais pour le plus petit,*il
est différent; il n ’a pas la même surface sur les deux statères,
et, de plus, il n’a pas été imprimé exactement à la
même place sur les deux flans monétaires. De ces observations
il résulte que les empreintes du revers de ces
deux stateres ont été produites par des poinçons isolés
et indépendants,et non point par un coin unique portant
trois marques sur sa surface.
Voici un autre exemple. Un statère de Milet, au type
du lion couché et détournant la tête (i), a, pour revers
comme les précédents, les empreintes de trois poinçons,
un rectangle entre deux carrés (Pl. XXIX, 6.) Dans le
rectangle, il semble qu’on distingue le profil d’une petite
proue de navire et d ’une tête de poisson. Dans chacun
des petits carrés latéraux, il y a trois globules. Or, nous
connaissons un autre statère de poids milésiaque qui a
pour type un taureau en marche,tête baissée (Pl. XXIX,7.)
Son revers est occupé aussi par trois empreintes, l’une,
rectangulaire, placée entre les deux autres carrés et plus
petites (2). Chose curieuse, le rectangle est aussi orné,
comme sur le statère de toutà l’heure, d’une petite proue
de navire et d’une tête de poisson. Une observation
minutieuse permet d’affirmer que le même poinçon rectangulaire
a servi à la frappe des deux pièces. Il en est
tout autrement, des poinçons carrés, qui ne se ressemblent
en rien. D’où, ici encore, la conclusion nécessaire
et rigoureusement vraie, que les trois poinçons furent
imprimés à coups de marteau, d ’une manière isolée et
indépendante.
(1 ) B a b e l o n , n ° 25 e t p l I , f ig . i g .
(2 ) B a b e l o n , n ° 38 e t p l . II, 1,