Eckhel et Lenormant signalent une interruption de
la monnaie d’Empire à Antioche d’Hadrien à Septime
Sévère, soi-disant pour punir la ville que détestait le
successeur de Trajan (i), quifavorisa la révolted’Avidius
Gassius contre Marc-Aurèle et qui soutint Niger contre
Septime Sévère, mais cela est trop absolu. Seul, Antonin,
dont on ne mentionne rien de particulier dans ses rapports
avec les Syriens, n ’a pas de monnaie d’argent à
Antioche. Il faut se méfier de ces considérations de sentiment
par lesquelleson recherche dans la numismatique
d’un prince le reflet de ses préférences et de ses haines.
Nous verrons ci-dessous Hadrien donner à Antioche une
marque de bienveillance (2); ce qui est probable, c’est
que, au cours de sa légation, il s’était aperçu de l’inconvénient
de laisser l’importante et remuante ville d’An-
tioche à la tête d’une province aussi étendue que l ’était
la Syrie, et qu’il prit quelques mesures de décentralisation
: en quoi il continuait la politique de ses prédécesseurs
; il fit donc à Laodicée la concession d ’un monnayage
autonome d’argent qui raréfia les émissions d ’Empire à
Antioche. Marc-Aurèle dut concéder une frappe d’Empire
à Emèse pour la récompenser de son loyalisme dans
une circonstance où Antioche avait manqué de fidélité,
mais ce ne fut qu’une exception, et la monnaie à l’aigle
fut frappée dans la capitale en même temps. On peut
déduire du mécontentement de Septime Sévère le fait
que pendant la première partie de son règne il ne frappa
à Antioche que des monnaies latines (3): mais la riche
(1) D’après Spartien.
(2) Ci-dessous, p . 594. A noter aussi que Maiala (Chronogr., éd. de Bonn,
p. 277, d’après G r e p p o , Voyages d'Hadrien) mentionne divers travaux d ’utilité
ou d’embellissement dont Hadrien dota Antioche.
(3) Cf. W. W r o t h , Catal. Syria et C o h e n , Monn. emp. rom.
série des monnaies d’Empire antiochéennes recommence
avec son consulat troisième.
La vérité est que, dans le Haut-Empire, au lieu de,
noter ces interruptions, on peut tout aussi bien énumérer
les périodes de frappe de la monnaie d ’argent en prenant
l’interruption pour la règle : c’est à partir du IIIe siècle
que, l’argent tournant au billon, l’émission en devient
continue.
Sous Caracalla, se produit un véritable démembrement
de la monnaie d ’Empire, dû à l’avarice ou aux
besoins d’argent de ce prince. M. Imhoof-Blumer, qui a
mis en lumière ces intéressantes variétés (i), dit que
l’empereur concéda à diverses villes le droit latin, en
même temps que le droit de monnayage; cela est juste,
à la condition de bien spécifier que le droit de frapper
de la monnaie d’Empire était distinct et a dû se vendre à
part. Laodicée était colonie latine et ne frappait pas de
monnaie d’Empire à cette époque: Ty r, colonie depuis
Septime Sévère, a frappé des monnaies d’Empire auparavant,
au moins sous Trajan, au type de l’Héraclès, et
cessera de frapper ses aigles au murex tout en restant
colonie (2). Il n’y a pas de corrélation (3).
Après Macrin, Elagabale centralisa de nouveau la frappe
à Antioche et la retira même à Tyr.
IIIe S é r i e . — Monnaies de bronze avec SC frappées
par le Sénat de Rome.
Ces monnaies forment un groupe parfaitement dis-
(1 ) Im h o o f - B l u m e r , Gr. Münçen, pp. 7 5 7 et suiv. ; du même, Zur griéch.
Münçkunde, dans Revue suisse, 1898, t. VIII ; cf. nos additions dans L'aigle
d'Antioche. La monnaie au symbole des trois Grâces pourrait bien être de
Ta rse .
(2 ) E. B a b e l o n , Catal. des Achéménides. . . Phénicie.
(3) Sur le droit colonial, voy. ci-dessous, p. 594 et n . 1.