de lui attribuer une autre importance et ne pouvons
admettre que le nom du légat fût mentionné à titre purement
honorifique, d’autant plus que, sous Claude et
Néron, la titulature de l’empereur est en latin. D’autre
part, nous ne croyons pas que le légal fit frapper directement
à Antioche ; comme chef militaire, lieutenant
de l’empereur, il a pu surveiller les émissions impériales,
quoiqu’il n’y soit pas nommé; comme gouverneur, il a
dû autoriser les émissions municipales et prendre sa part
des profits. Ce système fut inauguré par le fameux
Varus, dont les historiens ont stigmatisé la cupidité. La
formule EMlientlieu AnPermissu des colonies latines (i);
mais le fait que la « permission » n’est pas expressément
énoncée, mais seulement sous-entendue, constitue une
nuance appréciable.
Une seule fois, il fut frappé un grand bronze municipal
sans trace d’autorisation, avec le nom de « Métropole ».
C’était sous Hadrien, quand cet empereur visita Antioche.
Tel fut son cadeau de bienvenue, analogue aux
frappes d’argent qu’il concédait à Amisus, Aegæ de
Cilicie, etc...
Pour les petits bronzes, toujours sans effigie d’empereur,
iVl. Macdonald a montré leur synchronisme avec
les grands. Quelquefois ils ont le nom du légat; à partir
de Néron, ils n ’ont plus rien qui rappelle l’empereur ou
(i) A Berytus, sous T ib è r e : PERM(zssw) SILANI; à Corinthe : PERM
IM P ; à Patras : INDVLGENTIAE AVG MONETA IMPETRATA (M. Mo-
wat tra d u it: Num. Zeit&ch , 1909, p. 111 : Par concession de l’empereur,
« hôtel des monnaies » obtenu ; mais il y aurait Instaurata, Restaurata,
Aedificatà), en Espagne: PERM D1VI AVG. Théoriquement, la colonie,
faisant partie du te rrito ire italique, devait se servir des espèces de la m é tro pole
et avait besoin d’une permission pour commencer à frapper monnaie ;
plus tard, cette notion s’effaça. Au contraire, la permission accordée aux villes
grecques, si permission il y eut, n ’était que la reconnaissance d’un privilège
a n té rie u r,
son représentant : telle est l’importante série aux têtes de
Zeus. d’Apollon, d’Artémis, de Tyché, au bélier, à la
lyre, etc .. Donc, si Antioche eut moins d’indépendance
que les autres villes grecques pour émettre le bronze d ’un
certain module, en revanche on la laissa fèapper en abondance
les petits bronzes avec son ère nationale, son titre
de métropole et les types de ses divinités : privilège peu
commun, qui se retrouve à Athènes.
Ces monnaies sont naturellement en grec; mais il reste
à mentionner un petit bronze latin avec la tête tourelée
d’Antioehe soulignée de son nom ANTI0CH1A et les têtes
de Vespasien, Titus ou Domitien césar. M,. Pick a vu là
une monnaie impériale et dit que l’empereur avait usurpé
sur le Sénat en pleine paix. Mais M. Macdonald estime
que la monnaie est municipale, et je suis de cet avis : les
monnaies de même type avec nom en grec ont été
frappées sous Hadrien ; mais il faut avouer que nous ne
connaissons pas les raisons de cette dérogation à l’usage,
Sous Caracalla, il n ’y a pas de bronzes autres que ceux
du Sénat : la ville avait sans doute été dépouillée à la
suite de la défaite de Pescennius Niger.
Elagabale érigea Antioche en colonie de droit latin.
Ce fut pour la ville une nouvelle ère de prospérité. Les
monnaies impériales d’argent au type de l’aigle, devenues
un véritable potin, continuentà être frappées ([); pour le
bronze, les monnaies coloniales, c’est-à-dire municipales,
au type de l’empereur et de la Tyché ou d ’Apollon
daphnéen, grand et petit bronze, constituent une série
importante. Le monnayage du type sénatorial donne
encore quelques produits sous Alexandre Sévère (où
(1) Sur la légende MON VRB, voy. Journ. intern. Svoronos, 1907, p . 278
( = mes Mél. num.) et Rev. n u m 1909. p. 480.