Aucune règle fixe n’a présidé au choix des emblèmes;
on peut cependant y reconnaître certains types qui ont
été adoptés de préférence. Quelques villes de France,
telles que Meudon, Saint-Omer, Amiens (Douet d’Arcq,
n° 5738), ont faitfigurer sur leur sceau les têtes des éche-
vins en fonction ; à Avesnes, le maïeur à cheval ([32 F ;
à Péronne, le maïeur à cheval, suivi d’un échevin (1482).
Dans les villes maritimes, telles que Nieuporl,Biarritz
et maintes autres,le sceau porte un vaisseau comme symbole
de leur principale industrie; ce vaisseau a été conservé
sur le sceau,mais il est devenu le meuble de lecus-
son, comme à Nieuport et à Paris.
Le patron de là cité figure très fréquemment sur les
sceaux,principalement dans lés communes rurales; le sceau
primitif de Courtrai porte un Saint-Martin ; sur le contre-
sceau se voient les armes du châtelain qui, plus lard,
deviennentcellesde cette ville ; le sceau de Bruxellesa toujours
été un Saint-Michel, dont on a fait un meuble de
l’écusson.
Quelques localités ont adopté un emblème emprunté à
leur nom; il est ainsi du coudrier de la ville de Hasselt,
du bois de chêne du Quesnoy, etc.
Mais l’emblème le plus fréquemment usité pour les
sceaux dés communes et des églises est un édifice, porte
de ville, château, enceinte fortifiée; il suffit de parcourir
les recueils de sceaux de De May, de Douay d’Arcq, de
Poncelet et les Ff^estphàlische Siegel des Mittelalters,
pour s’en convaincre.
Les sceaux de la ville de Gand au XIVe siècle ont un
Saint-Jean sous une arcade; celui de i 3 ig porte le saint
sous le portail d’une église, qui était sans doute l’ancien
portail de l’église qui portait son nom — aujourd’hui
Saint-Bavon —. Ce qui peut le faire supposer, c’est que
d’après la charte de la comtesse Mathilde, de 1192 ou
1193, la f^ierschaere. où se traitaient les affaires de la
commune, se tenait près de cette église,, apud sanctum
Johannem in quadrivio praetorii. Un usage pareil est
encore observé de nos jours à Valence, en Espagne,
le Tribunal des eaux se tient sous le portail de la
Cathédrale, tous les jeudis. — Le sceau de la ville de
Gand a été modifié, il porte encore le Saint-Jean sous
une arcade gothique, mais la légende du sceau est
restée la meme : Sigillü, S. Johis Bapt. Gandensiü.
civiü. patroni (1).
Quelques auteurs n’y ont vu qu’une représentation
symbolique de la ville, un symbole de son affranchissement,
mais cette appréciation est loin d ’être partagée
par les écrivains qui se sont occupés de l ’étude des
sceaux. M. Wytsman, en décrivant les sceaux de la ville
de Termonde, dit que l’édifice représenté sur le sceau
était bien 1 imitation — grossière sans doute, mais au
moins d’une fidélité intentionnelle — du bâtiment Je
plus apparent de la localité (2). Douet d’Arcq partage
le même avis (3). M. Poncelet, dans son beau travail
sur les sceaux du Hainaut, dit : les sceaux du type topographique
sont d’autant plus intéressants que les monuments
y figurés 11e sont pas du domaine de la fantaisie,
mais représentent avec plus ou moins d’exactitude, le
donjon, 1 enceinte de la ville que le graveur avait sous
les yeux (4)
Cette observation est très fondée, pourquoi faire
figurer sur le sceau d’une commune un édifice imagi-
(1) Voy, Messager des sciences historiques de GanJ, 1867, p p. 249 et suiv.
(2) Annal s du Cercle archéol. de Termonde, 1864.
(3) D o u e t d ’A r c q , Collection de sceaux, t . I , préface, p p . 6-7.
(4) E d . PoNeELET, Sceaux et armoiries des villej du Hainaut, p. 27.