celles-ci n’avaient pas pour provenance clandestine les
fouilles dirigées à Ephèse par les archéologues anglais.
C’est aussi la question que je me pose, sans pouvoir la
résoudre, au sujet du remarquable statère d’electrum
dont j’ai l’honneur de présenter au Congrès le moulage
en plâtre.
. Ce statère a été vendu par un marchand de Smyrne à
M. Jameson, de Paris, le possesseur heureux et éclairé
d’une des plus belles collections particulières de monnaies
grecques qui existent actuellement. En voici d’abord
la description détaillée (Pl. XXIXi i) :
Taureau ailé à tête humaine, à demi agenouillé, à
droite; le genou droit à terre, il paraît faire de la patte
gauche avancée un effort pour se relever; ses ailes sont
longues, avec de grandes pennes droites, relevées et
recroquevillées du bout; les poils du cou, longs et abondants
sont figurés par des stries parallèles; les flancs et
Tarrière train de l’animal sont d’une vérité anatomique
et d’un modelé remarquables ; la tête humaine estbarbue
et d’un style très primitif; l’oeil, démesuré, ovale et à
fleur de tête, occupe presque toute la joue; la bouche,
largemènt fendue et aux coins relevés, semble esquisser
un sourire; la barbiche en pointe est projetée en avant,
à la manière archaïque ; les cornes sont droites et élancées
au-dessus de la tête, à côté de l’oreille également dressée.
Ce type est encadré d’un grènetis disposé en rectangle.
En haut, extérieurement au rectangle, un petit dauphin
dont la queue est restée en dehors du flan monétaire.
Rev. Trois empreintes creuses disposées en croix et
dont la surface est décorée d’un chiffonnage de métal
irrégulier et sans type. L’empreinte du milieu est un
rectangle très allongé ; les deux empreintes latérales ont,
chacune, Informe d’un petit carré.
Le flan monétaire a l’aspect d’un lingot ovoïde aplati
sur ses deux faces et à bords arrondis. Long. 3 i mill.;
Jarg. 17 mill. Poids : i 4gr'i 6 . •
J ’ai dit tout à l’heure que ce statère avait été acheté à
Smyrne, ce qui est déjà un indice qui désigne l’Ionie
méridionale comme provenance. Son poids est milésia-1-
que. On connaît une série considérable de hionnaies
d’electrum primitives dont le poids normal se confine,
pour le statère,entre i48r.56, poids maximum théorique,
et i3 8r.92. C’est là l’étalon des monnaies d’electrum de
l’Ionie méridionale, et en particulier de celles de la
grande et opulente ville de Milet. Depuis le VIII" siècle
jusqu’aux premières années du V",Milet fut le plusgrand
centre commercial, artistique et monétaire de l’Ionie
méridionale; elle a mérité même qu’on l’appelât « la
reine de l’Ionie ». Voilà pourquoi j’ai donné au système
monétaire suivant lequel sont taillées ses monnaies
d’electrum et celles des autres villes delà même région,
le nom de système ou d’étalon milésiaque, bien préférable
à celui d ’étalon phénicien ou d’étalon gréco-asiatique,
noms qu’on emploie d’ordinaire et qui prêtent à confusion.
J ’ai à peine besoin de rappeler que le système
milésiaque est tout différent, par exemple, du système
phocaïque qui règne dans l’Ionie septentrionale à la
même époque. Le statère phocaïque se tient entre
i6gr.82 et i 5“r.36. Nous sommes donc certains, rien que
par le poids,'que le nouveau statère de la collection
Jameson, du poids milésiaque ou phénicien de i 4ar.I6 ,
a pour patrie l’Ionie méridionale.
II serait imprudent d’aller plus loin et d’affirmer qu’il
doit être classé à Milet même. Les villes voisines de
Milet, comme Ephèse et Smyrne, Colophon, Lebedos,
et même Myonte et Priène, étaient également floris