» sV forger des deniers de la nouvelle enseigne de
» 114 au marc à sept deniers, à une pouo'eoise (demi-
» obole) près, d’argent fin ayant cours poui six deniers
» parisis, ce qui correspond à la valeur d’un demi-
» gros; l’argent nécessaire à la fabrication payé 100 sous
» tournois de paiement, le marc de Cologne.
» Le cours des monnaies étrangères était interdit;-
» elles devaient être portées aux monnaies. Si les mar-
». chands flamands ou brabançons avaient besoin d’ar-
» gent pour aller en Angleterre, ils étaient tenus d’en
» demander aux maîtres des monnaies, qui devaient leur
» en fournir à un taux raisonnable. »
Cet accord, qui constituait une vraie union monétaire,
devait sentit' son effet jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste i 3o i,
à peine de dix mille livres d’amende pour celui qui
l’enfreindrait; mais, avant cette date, un second traité
vint le modifier et le compléter. Nous avons été assez
heureux pour retrouver cet important document que
Gaillard, l ’auteur des Recherches sur les monnaies des
comtes de Flandre, croyait perdu. Il date du 2 avril
i 3oo et présente cette particularité que, cette fois, les
bonnes villes de Flandre et de Brabant y interviennent
directement. Il s’agissait pour les deux souverains de
s’attirer la sympathie de leurs puissantes communes et
Gui surtout en avait grand besoin, car sa guerre avec le
roi de France s’annoncait fort mal.
La nouvelle convention réduit à deux, dans chaque
pays, le nombre des ateliers en activité. On devait y
frapper :
i° Des gros deniers d'argent « aussi bons de poids et
de loi comme le gros tournois le Roy » de 56 1/2 au
mare de Cologne, c’est-à-dire du poids d’environ 4 grammes
14 et de xi deniers 1/2 en titre. Ils devaient être
tous du même poids, la tolérance pour l’aloi était d’un
demi grain;
2° Des deniers d’argent valant les trois un gî-os tournois,
dont ils avaient d’ailleurs le titre, taillés à i4 sols
3 deniers au marc de .Cologne, ce qui correspond pour
chacun d’eux à un poids de 1 gr. 36;
3° Pour la Flandre, des deniers noirs, à 2 deniers
maille d’argent fin et de 70 sols au marc de Cologne,
ayant cours les 18 pour un denier gros dessusdit.
4» Pour Je Brabant, des petits deniers d’argent, à
10 deniers d’aloi et de 37 sols au marc, dont les q
auraient cours pour un denier gros.
Ce qui prouve, qu’à cette époque, la frappe des petits
deniers d’argent (mailles) avait cessé en Flandre tandis
quelle perdurait en Brabant. Cette remarque, qui n’a
pas encore été faite, a son importance.
Le comte avait la surveillance des ateliers brabançons^
le duc celle des ateliers flamands. Toute délivrance de
monnaies devait avoir lieu en présence du garde de
l’atelier et des éehevins de la ville où se trouvait l’atelier.
Les profits du monnayage étaient communs, à moins
que les hasards de la guerre n’obligeassent l’un ou l’autre
atelier à chômer.
A peine de dix mille livres d ’amende, le contrat devait
être fidèlement exécuté jusqu’à la nativité de Saint-
Jean-Baptiste de l’an i 3 o 2.
Les pièces taillées à 56 1/2 au marc de Cologne sont,
sans doute, des gros tournois, dont on connaît de nombreux
exemplaires pour Jean II qui, le premier, en
frappa en Brabant. Ce furent aussi des gros tournois
qu’émirent à Alost, de i 3 o 2 à i 3o5, Jean de Namur et
Philippe de Thiette qui gouvernèrent le comté pendant
la captivité en France de leur père, Gui de Dampierre.