Notre intention n’est pas de jouer au prophète.
Ignorant totalement le sort que l ’avenir réserve à ces
deux idées, nous risquons quelques humbles réflexions
au sujet de l’une et de l’autre.
La numismatique, chacun le sait, ne nourrit pas son
homme, il- s’en faut. Le principe d un concours avec
prime est donc louable Encore importe-t-il que les
conditions ne soient pas trop rigoureuses. Précisément,
nous trouvons au concours de la T. G. un ensemble des
conditions tel que nous craignons que l’appât d’une
médaille d’or de 4oo florins ne paraisse bien maigre.
Si le travail doit s’entreprendre tôt ou tard, nous ne
serions pas étonné d’apprendre que l’amateur hollandais
ou belge qui s’en charge renonce à l ’honneur de mériter
cette médaille pour garder toute sa liberté d’allure.
Il ne manque du reste pas d’exemples autour de nous
de gens qui, dans notre domaine, ont conduit à bien dés
travaux remarquables, des travaux de longue haleine,
sans esprit de lucre, sans autre récompense que le plaisir
de la difficulté vaincue, du service rendu. En citer
serait s’exposer à froisser des modesties. Dugniolle lui-
même, d ’autres avant lui ne se sont-ils pas attelés à la
besogne sans connaître le stimulant de la prime? Et cependant
ce sont des précurseurs chez qui il y aura toujours
plus qu’à glaner.
Parmi toutes les conditions stipulées par la T. G.,
nous relevons l’obligation de suivre l’ordre chronologique.
Sans doute, quel que soit le plan d ’un ouvrage, on
s’y retrouve toujours avec du temps et de la patience.
Mais — nous faisons appel ici à tous ceux qui sont au
courant de la matière — que signifie l’ordre chronologique
quand il s’agit de jetons non datés sur l’origine et
l ’année d’émission desquels on peut se tromper de la
meilleure foi du monde avec un écart de plusieurs années?
Or, il y a des centaines de jetons de cette espèce. Dugniolle,
pour ne pas remonter plus haut, a prétendument
suivi l’ordre chronologique. De Fonlenay, Rouyer et
Hucher l’ont subordonné à certains principes de classement.
Nous n ’hésitons pas à accorder la palme à ces
derniers, que Dugniolle aurait pu se proposer comme
modèles.
Supposons le cas d’un amateur dont la collection s’est
enrichie d’un jeton plus ou moins énigmatique, d’un
jeton sans millésime ni chronogramme, nouveau pour
l u i . Il veut l'identifier, savoir comment d’autres l’ont
décrit, s’expliquer l’allégorie, certains emblèmes, que
sais-je, en un mot connaître les références, au besoin la
littératüre spéciale qui concerne sa pièce. Aussitôt commencent
les recherches. Malgré leur longueur, elles ne
sont pas toujours couronnées de succès, et cependant le
propriétaire du jeton a eu recours aux tables, il a tenu
compte de tous les indices, il s’est soigneusement enquis
des inscriptions semblables ou analogues à celles qu’il a
. sous les yeux, s’il s’agit d’une pièce à inscriptions? Nous
prétendons qu’il serait arrivé plus vite à un résultat, qu’il
aurait eu plus tôt la conviction que la pièce est mentionnée
ou non dans l ’ouvrage consulté, si l’auteur avait
adopté quelques grandes divisions : jetons datés d’une
part, jetons non datés d ’autre part, ceux-ci classés à leur
tour d’après des principes fondamentaux, caractères
employés, langues, marques d’ateliers, etc. Nous n’entrons
pas dans de plus amples détails pour le moment.
Le cas d’une recherche isolée a seul été envisagé ici.
Que dire de l’étude d’une série? Avec,quel profit ne se
ferait-elle pas,si toutes les pièces de la série étaient réunies?
Qu’il nous soit permis de citer un exemple que l’ex