sieurs, toutes ces monnaies. La République de Chaplain,
couronnée de cbene, darde devant elle un regard sévère;
celle de Dupuis, agrementee de laurier, sourit presque;
celle de Roty s’absorbe dans son noble travail. On peut,
politiquement et philosophiquement parlant, critiquer
ee défaut d unité dans 1 expression d’un unique symbole.
Mais, cette réserve faite, l’espèce de concours ainsi
ouvert, il y a quinze ans, entre les trois grands maîtres
de la glyptique française, a été des plus intéressants, surtout
pour les hommes a qui il fut donne d’en suivre pas
a pas la marche et les -peripeties. J ’ai été de ceux-là,
comme M. Tasset, qui fut de nos grands maîtres le collo-
borateur et l’ami.
Roty fut le premier prêt et l’apparition de la Semeuse>
fin 1897, fit sensation. Entre Noël et le Jour de l’An, la
Monnaie de Paris avait pu livrer 88,000 pièces neuves
de 5o centimes, au millésimé dé l’année finissante; plus
d ’une fut alors payée son poids d’or. Ce qui reste inestimablepour
les amateurs, c’est l’écu à laSemeuse,dontiln’a
été frappé en tout que soixante-neuf exemplaires; le coin
s’était vite fissuré, puis brisé ; et on ne l’a jamais refait :
il n ’y avait pas lieu, puisque l’émission des pièces de
5 francs est définitivement suspendue chez nous depuis
1878. Roty avait oublié celte circonstance, mais c’est le
cas de dire i fe liæ culpa, car la grande Semeuse est
encore plus belle que la petite.
Les sous de Dupuis, eux, datent de 1898. Leurs douze
années d’existence y ont accoutumé tous les yeux et on
leur sait généralement gré de la physionomie avenante
avec laquelle la République française s’y manifeste. Mais
le temps n ’a rien ôté de leur force aux deux objections
initiales, dont l ’artiste eut le tort de ne pas vouloir tenir
compte. Première critique : la tête de la République est
tournée du mauvais côté; au lieu de regarder à droite,
comme dans la pièce de 20 francs, elle devrait regarder à
gauche; car, pour cela même, il existe des traditions
dont chacune a sa raison d’être. Deuxième critique : le
groupe du revers, trop encombrant et trop confus, ne
vient presque jamais bien et s’efface vite.
C’est que la technique impose à la monnaie, qui se
frappe forcément d’un seul coup, des conditions auxquelles
peut se dérober la médaille, où le balancier,
revenant dix fois à la charge, saura accentuer à loisir
les reliefs et les creux. Dans une pièce de monnaie, il
faut que le métal, au moment du choc unique d’où la
double effigie va naître, n’ait pas à se masser des deux
côtés à la fois. Il faut aussi que rien, dans le relief, ne
dépasse le plan du listel, puisque les pièces auront à
s’empiler et à former des rouleaux. Il y a là toute une
série d’écueils dont Chaplain lui-même, pour sa pièce
d’or, eut grand’peine à triompher; ce n’est pas sans
regret qu’il reconnut la nécessité d’amincir graduellement
le robuste poitrail dont il avait d’abord gratifié son
coq gaulois, fier prédécesseur du Chanteclev d ’Edmond
Rostand.
Les monnaies françaises ne sont pas les seules qu’aient
signées de nos jours les graveurs français, et le tableau
suivant en fait foi :
Monnaies étrangères ou coloniales gravées par des
artistes français.
Noms des pays. Métal des monnaies. Noms des artistes.
Bulgarie. Bronze. Borrel.
Chili. Or et argent. Roty.
Crète. Argent, nickel et bronze. Borrel.
Ethiopie. Argent. Lagrange, puisChaplain.