droite Nike, qui s’apprête à couronner J’aurige. Le cheval
du milieu se cabre, celui de droite tourne la Lête vers
lui. A l’exergue, un dauphin à droite et une écrevisse
à ogauche.
Argent. 3o millimètres. 24,05 grammes.
La pièce porle au droit un léger double coup de frappe
sur le dauphin placé en face du front de la nymphe; ce
même coup a un peu aplati l’inscription ; au revers, les
traces d’un double coup se voient sur la tete de lauiige
et sur celle de Niké. Le flan a un peu éclaté d’un côté.
Sur la tranche se trouvent les renflements caractéristiques
des monnaies siciliennes. Les types du droit et du
revers sont disposés obliquement par rapport 1 un à
l’autre. La pièce est recouverte d’une patine foncée.
Comme style, elle se rapporte à l’époque la plus brillante
de l’art à Syracuse (4o5-345 avant J,-C.). Par malheur,
le médaillon n’est pas signé, mais le nom du graveur
se devine facilement.
La ressemblance des types du droit avec le n° ^5 de
la planche 7 et du revers avec les n°s g3 et g4 de la
planche 8 du comte du Chastel est frappante (comparez
également : W e ii,, Künstlerinschriften der sicilischen
Münzen, pl. III, nos 5-6 ; F o k r e r . Notes sur les signatu
r e s de graveurs sur les monnaies grecques, p. i 3 i etc.,
pl. IV). Ces numérosappartiennent au poinçon d’Euclei-
das ; aussi 11e peut-il y avoir de doute que mon médaillon
ne soit l’oeuvre du même artiste.
La conservation de la pièce est irréprochable ; il faut,
par conséquent, admettre qu elle n a rien perdu de son
poid$ primitif. C’est un fait avéré que dans 1 antiquité
même les pièces émises en qualité de médailles commémoratives
étaient toujours en relation avec le système
monétaire de l’époque. Le poids de 24,o5 grammes
évoque naturellement l’idée de six drachmes, mais de
fait il est un peu trop faible pour représenter cette valeur
(26,28-25,80 grammes) ; par contre, il correspond exactement
à 28 litres (24,36-24,08 grammes) (1). Le poids
de 28 litres — de même que celui de 6 drachmes —
ne s’est pas encore rencontré, à ma connaissance, dans
* la numismatique de Syracuse. Au IIIe siecle avant J.-C.
il se serait parfaitement intercalé entre les multiples de
4 litres (on connaît jusqu a présent des pièces de 4, 8,
12, 16, 20, 2 4 et 32 litres; v. H ea d , Num. chron., 1 8 7 4 ,
p. 80, et Hist. N um ., pp. 1 6 1 - 1 6 4 ) .
Mais même au IVe siècle il est possible d’admettre que
pour une pièce d’un type tout à fait particulier, frappée
pour une occasion évidemment exceptionnelle, on ait pu
avoir adopté un poids insolite, mais qui néanmoins se
raccordait au système monétaire en usage.
A quelle occasion la pièce a-t-elle été emise ? Cette
question, je le crains, ne pourra jamais recevoir une solution
satisfaisante. On peut toutefois supposer avec beaucoup
de vraisemblance que, de même que les déca-
drachmes de Syracuse étaient généralement frappés en
souvenir de jeux publics, mon médaillon doit se
rapporter à une victoire quelconque, remportée aux
courses par un citoyen de cette ville. Il se peut que, pour
une raison ou une autre, le vainqueur n’ait eu cette fois
que trois chevaux à son char, au lieu de quatre qui
représentaient l’attelage ordinaire, et que cette particularité,
ayant spécialement arrêté l’attention publique, ait
(1) Le poids théorique de la drachme euboïque est 4,366 grammes, et
de la litre sicilienne - 0,87 grammes (H ill, Handbook o f G rek and Roman
Coins, p. 224); mais, en réalité, les pièces les plus lourdes dépassent rarement
les poids respectifs de 4,3 et 0,86 grammes.