C’est à Ponscarme, on Je sait, bientôt dépasse par
Chaplain et Roty, que la médaille doit son succès actuel.
Nous n’avons pas à faire ici l’histoire de la renaissance
de la médaille en France et en Autriclie, cette tâche
appartient à d’autres. Il nous suffira de rappeler que
les principales modifications apportées a la façon de la
médaille contemporaine consistent, dans l’atténuation du
relief, la suppression du listel et du grenetis, la substitution
à la patine brune uniformément polie, d’une
patine assez claire et mate, différemment nuancée, enfin,
dans le modelé des lettres des légendes appelées, désormais,
à concourir à l’ornementation de 1 ensemble.
Ainsi que le dit M. Roger Marx, grâce à la rupture
ayee les formules routinières, l’école se transforme, elle
s’éprend de sincérité, de pbésie, de grâce ; elle dédaigne
les vieilles conceptions académiques et demande à la
spontanéité de l’inspiration, à la vision directe et vivante
de la nature le rajeunissement d’un art demeuré station-
naire depuis près d’un siècle.
La subite renaissance de la médaille à Paris et aussi
à Vienne s’étendit bientôt à la Belgique, qui ne tarda pas
à suivre le mouvement.
M. Fernand Dubois fut peut-être le premier chez
nous à s’efforcer de s’assimiler l’art nouveau. Comme
Geerts, il était l’élève de van der Stappen. Ce fut, en
effet, Gharles van der Stappen, qui n ’a modelé des
médailles qu’à de rares occasions, qui fut l’éducateur de
la plupart de nos sculpteurs-médailleurs contemporains.
L’art de la médaille s’était considérablement élargi: ce
ne sont plus, en effet, des graveurs qui s’y adonnent ou
s’y essayent, mais des statuaires, et non des moindres,
puisque nous pouvons citer parmi eux Meunier,
Thomas Vinçotte, Julien Dillens, le comte Jacques de
Lalaing, Jules Lagae, etc.
Quelques-uns ont même fait de la médaille une spécialité,
et à leur tête marchent le maître Godefroid
Devreese, Charles Samuel, Paul Du Bois, le vieux Louis
Dupuis, Hippolyte Le Roy, Isidore de Rudder, Frans
Vermeylén, etc., suivis de quelques jeunes qui ont noms
Jules Jourdain, Paul Wissaert, Jean Lecroart, Bonne-
tain, etc., dont le talent nous donne confiance en l’aven
ir de l’école belge de la gravure en médailles.
Celte école se place aujourd’hui immédiatement après
les célèbres écoles de Paris et de Vienne, qui ont su attirer
depuis vingt ou trente ans sur l’art de la médaille l’attention
du public et, si je puis dire, le faire renaître de ses
cendres.
Bruxelles.
A l p h o n s e d e W i t t e .