le séjour de Leone Leoni à Bruxelles, qu’apparaissent,
avec les médailleurs de métier, — J acques Jonghelinckx et
le mystérieux Etienne de Hollande—, les revers chargés
de compositions allégoriques ou de lourds écus aux meubles
multiples.
Le XVI6 siècle est vraiment l’âge d ’or de la médaille
en Belgique, alors que le XVIIe en est l'âge d’argent et
le XVIIIe l ’âge du cuivre! En effet, si pour le XVIIe
siècle nous pouvons encore citer des graveurs de la
valeur de Conrad Bloc, de Jean de Montfort, d’Adrien
et même de Denis Waterloos, nous devons nous contenter
d’enregistrer pour le siècle suivant les oeuvres de
plus en plus médiocres des Roettiers et des Harrewyn.
Il est vrai, qu’à leur suite, Théodore-Victor van Berckel,
ce maître inciseur incomparable, vient jeter un dernier
éclat sur notre école de gravure en médailles, que l’occupation
française devait rayer de l’histoire des arts pendant
près de vingt-cinq années.
Avec l’union de la Belgique à la Hollande, l’art de la
médaille renaît. C’est un Bruxellois, retour de Paris, le
chevalier Jean-Henri Simon, qui s’attacha tout d’abord
à la faire revivre en éditant la série des hommes célèbres
des Pays-Bas, à laquelle collaborèrent Jean Fonson
de Bruxelles, François De Grave de Gand, et probablement
aussi le fils de Jean-Henri, Jean-Marie-Amable-
Henri Simon, qui habita longtemps la capitale du Bra-
bant (i). Cette série, qui ne compte pas moins de cent
■portraits, de facture négligée et hâtive, n’en valut pas
moins à son autenr le titre de graveur du roi, que lui
décerna Guillaume Ier, par arrêté du 4 août 18 r■y ; car le
souverain ne voulut pas même attendre qu’elle eût paru
( i ) E. B a b e l o n , La g ra vu re en pierres fines, p. 8 0 9
au complet pour récompenser le vieux graveur, rentré
dans sa patrie, âgé de près de soixante-trois ans.
Les Simon, de religion israélite, et surtout Mayer
Simon,le frère du chevalier Jean-Henri, s’étaient fait un
nom en France dans la gravure en pierres fines. Habitués
à travailler en creux, il est presque certain que Jean-
Henri et son fils, ainsi que leurs collaborateurs, taillèrent
directement leurs matrices dans l’acier.
C’est, au contraire, les poinçons que, vers la même
époque, — sa première médaille date de l’année 1818,
— un jeune orfèvre brugeois, François De Hondt, s essaye
à ciseler. Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que le
tour à réduire fut introduit en Belgique par Auguste
Michaut. de Paris, auteur de l’effigie monétaire de
Louis XVIII, nommé le 9 décembre 1816 graveur des
coins des monnaies du roi des Pays-Bas.
D’autres Français ne tardèrent pas à venir se fixer a
Bruxelles. Ce furent d’abord les deux Jouvenel, père et
fils, de Lille, dont le dernier, qui ne fut pas sans talent,
ancien élève de Rude, entra, en 1847■> ® l’Académie
royale de Belgique; puis Adrien-Hippolyte Veyrat, de
Paris, auteur de la plupart des médailles de la Révolution
belge, disciple de Jean Barre, « cet ouvrier impeccable
du burin », qui, d’ancien fabricant de boutons à
Lyon, devint membre de l’Institut de France.
Tel'était, cependant, alors le renom de ce graveur,
que ce fut à son atelier que le gouvernement néerlandais
envoya, en 1819 dit-on, un jeune artiste gantois,
Joseph-Pierre Braemt. Il avait débuté en i 8 i 5 ,à peine
âgé de 19 ans, et ses premières médailles avaient fait sensation
par la vigueur et la netteté de leur modelé. Nous
ignorons quelle fut la durée du séjour de Braemt dans la
capitale de la France; toujours est-il qu’il s’y trouvait