entre les deux nations dans le domaine des arts appliqués
à l’industrie.
Van Loon, en tête de son grand ouvrage, définissait
le but de la médaille en disant « que l’amour de la gloire
et de l’immortalité l’ont fait inventer aux hommes pour
sauver leurs noms et leurs belles actions de l’oubli ».
Il n ’en considérait que le but utilitaire, et c’est encore
beaucoup sous ce point de vue qu'on la comprend en
Angleterre. La médaille doit constituer un document
historique, estime-t-on, servir à rappeler un événement
de notoriété publique ou à retracer plus ou moins fidèlement
les traits d’un personnage de marque. On l’envisage
comme un encouragement ou une récompense pour
des actes de bravoure, de mérite civil ou militaire. Et
l ’on se préoccupe peu que les artistes ne mettent point
de vie ou peu d’expression dans leurs conceptions, si
médiocres au point de vue de l’imagination et du goût.
Les oeuvres de quelques-uns des premiers médailleurs
anglais modernes font cependant exception à la règle. Je
ferai ressortir plus loin le mérite des Bowcher, Bruce
Joy, Frampton, Fuchs, Hamilton, Me Kennal, Spicer-
Simson et d’autres, qui sont en bonne voie de révolutionner
la routine et les idées surannées dont l’art anglais
a trop longtemps souffert.
La médaille doit être avant tout une oeuvre d’art. Il
faut avoir réalisé le charme et subi l’émotion de beauté
des oeuvres inimitables du glorieux créateur de cet art
spécial, Pisanello, et de ses disciples du cinque-cento,
pour en saisir le but réel. Art d’énergie, de franchise, de
goût; sans mollesses, sans décors compliqués; modelé
vivant, simple et ferme; art qui, selon Vasari, forme le
lien, le trait d’union entre la sculpture et la peinture.
Le véritable artiste, comme le dit si justement M. de
Foville dans son admirable récente étude sur Pisanello;
« traduit le réel dans une langue spéciale; le réel l’a
touché; il l ’a touché si profondément que son émotion
subsiste, aussi fraîche; aussi sincère, lorsque, en modelant
ses médailles, il l’exprime dans la forme d’art qui
semble, .par ses conditions mêmes, la moins réaliste de
toutes. Toute la beauté de ses médailles procède de cette
sincérité ».
Les artistes de la Renaissance les plus en renom sont
ceux dont la manière se rapproche le plus de celle de
Pisanello. Plus tard, les médailleurs, en se spécialisant
et devenant de bons praticiens, perdent l’originalité;
l’accent, la robustesse, qui sont la saveur de l’oeuvre
d’art. .
Vers le milieu du XVIIe siècle, l’art de la médaille
fut très en vogue en Angleterre. Cette période produisit
plusieurs artistes de grand renom; tels Rawlins, dont
les oeuvres rappellent la Révolution de Cromwell et les
efforts des royalistes pour la cause-des Stuarts : les deux
frères Abraham et Thomas Simon, qui représentent
l’apogée de l’art de la médaille dans ce pays; John Roet-
tiers, le portraitiste de Charles II et le créateur du type
de la «Britannia », reproduite sous lès traits d’une fameuse
beauté, Lady Frances Stuart, duchesse de Richmond.
La célèbre « Pétition Crown » de Thomas Simon suffirait
à elle seule pour placer son auteur au premier rang ,
des graveurs monétaires, tandis que ses nombreuses médailles
sont tout autant de chefs-d’oeuvre.
Le XVIIIe siècle, quoique très fécond au point de vue
de la production, marque un grand déclin de l’art de là
médaille. Les graveurs du commencement du siècle',’
entre autres John Croker, et ceux de la fin, les Pingos.*
sont les seuls qui méritent d’être mentionnés. Ce sont