obtenues d’un coin gravé ont un fond net et leurs saillies
s’y rattachent intimement.
Considération importante encore : le petit ne doit pas
être la réduction du grand, pas plus que le grand une
amplification du petit. Le champ restreint de la médaille
exige la simplification du motif en même temps que la
délicatesse de l’exécution qui en grand pourrait être à la
fois plus riche et traité plus largement.
Loin de nous cependant la pensée que le retour à la
technique ancienne assurera la perfection de la médaille
moderne, ce n ’est là qu’une des faces du problème; les
conditions essentielles de la belle production artistique
resteront toujours le tempérament de l’artiste, sa culture
intellectuelle, sa maîtrise de la forme, qu’une étude
approfondie du corps humain par le dessin, le modelé et
la dissection pourra seule lui faire acquérir.
Deux maîtres que l’on peut comparer, car avec des
factures différentes ils ont porté la médaille d’art à une
hauteur qui n ’a pas été dépassée, jusqu’à présent,
montrent que si Chaplain révèle dans ses admirables
médailles des qualités de vigueur dues à l’emploi du
burin (i), à la sûreté de son dessin, à sa conception magistrale
du motif, Roty, de son côté, plutôt sculpteur que
graveur, a cependant eu la conception du style qui convient
à la médaille et a su y plier la grâce et la souplesse
de ses figures, l’élégance moderne de ses allégories à la
fois vraies et poétiques.
L’un et l’autre étaient cependant maîtres de la technique
du burin et du touret, comme l’exige le concours
de Rome, dont ils furent lauréats.
Si voisins que soient ces deux éminents artistes par la
(r) Nous avons vu Chaplain retoucher au burin le creux de ses médailles
lors d’une visite à son atelier, à l ’Institut.
perfection de leur oeuvre, ils ont chacun une personnalité
qui permet de les reconnaître sans recourir à leur
signature.
Sous ces réserves nous concluons donc que le médail-
leur, pour être complet, doit savoir manier le burin autant
que l’ébauchoir.
J ’entends déjà qu’on nous répondra: qu’importe, s’il a
néanmoins produit un chef-d oeuvre!
Il importe, dirons-nous, car en admettant même que
l’artiste médaiileur ait prévu l’effet final, ait tenu compte
des conséquences de la réductionmécanique, il manquera
toujours à sa médaille ou à sa monnaie l’accent du burin
que l’ébauchoir ne peut donner et la coupure vive que
seul le graveur peut obtenir avec ses outils tranchants.
Si parfaite que soit la machine à réduire, elle ne peut
néanmoins donner qu’une transposition de l’oeuvre a une
échelle réduite, une traduction de langue sculpturale en
langue glyptique. Cela paraîtra sans importance pour le
gros public, mais ne satisfera pas les amateurs de gout
raffiné ou les artistes qui ont le sens des nuances délicates
que la main de l auteur peut seule donner à son oeuvre.
Nous concluons que pour atteindre la maîtrise dans
l’art du médaiileur le graveur, tout en se soumettant
d ’abord à l’éducation complète d’un sculpteur, doit
s’exercer à manier le burin avec autant de dextérité que
Tébaüchoir; l’apprentissage sera long, mais les résultats
seront en proportion des efforts accomplis pour les
obtenir.
Labor improbus omnia vincit.
En attendant que nous ayons des graveurs complets,
nous avons conseillé aux sculpteurs qui veulent produire
des médailles de mouler un creux de leur bas-relief et