été démontré, à l’évidence, pour les châtelains d’Avignon
( i ); il devait se reproduire dans la région. Nous
nous trouvons en présence d’un membre ou de membres
d’une famille ayant donné des châtelains d’Orange et
transplantée dans le sud est de la Provence. Pour une
raison quelconque, son nom reçut, un instant au moins,
une forme empruntée à la langue vulgaire. Quant à
Pierre, Ètienne, Brémond, Imbert, N... et Raymond,
une partie d’entre eux peut appartenir à la maison des
châtelains d’Orange.
IX.
Raimon d'Aurengua portait dans ses armes une étoile
à seize rais, analogue à celle de la maison de Baux. Celte;
étoile, que des membres de cette dernière transformaient
parfois en une étoile à queue, ou pourvue d’une chevelure,
c’est-à-dire une comète, se retrouvait dans 1 écu
d’autres familles provençales, telles que celles de Baudi-
n a r d ( i223)et de Blacas(i20i à i 233)(2). Sans s’arrêter
à la légende qui fait descendre-les Baux de I un des rois
mages, guidés par l’étoile miraculeuse, on peut considérer
l’étoilë de ces blasons comme étant l’un des symboles de
Jésus-Christ se qualifiant lui-même lu x mundi.
Sur les sceaux, la représentation deNotre-Seigneur est
accompagnée souvent d une ou de plusieurs eloiles. Le
Christ est figuré ainsi sur un sceau provençal, celui du
chapitre de Saint-Sauveur d ’Aix (1294)- U tient une
tablette portant la légende Ego suin lu x mundi. Tiois
étoiles à huit rais se voient dans le champ (3). La figura(
1) D eM a n t e y e r , ibîd.j p 438 e t stiiv.
(2) Blancard, op. cit., p . 57-9.
(3) B la n c a r d , op. cit., p . 6 9 , n®' 2.
tion des évêques est parfois accostée d une ou de deux
étoiles, rappelant, selon les conclusions d’une étude
actuellement sous presse, que les évêques tiennent leurs
pouvoirs du Sauveur. A l’origine, ces étoiles étaient
pourvues de huit rais (i). La dégénérescence du type
amena bientôt, dès le X IIP siècle, l’apparition accidentelle
d’étoiles à sept (2) ou à six rais.
L’étoile adoptée par les maisons provençales rappelées
ci-dessus a uniformément seize rais. Mais quelquefois ce
nombre est réduit à huit, comme sur de rares sceaux de
la maison de Baux, qu’il s’agisse ou non de la principauté
d’Orange (3). La valeur symbolique de l’etoile a seize
rais est donc la même que celle de l’étoile à huit rais,
quoique le nombre seize soit lé double du nombre huit.
La première croisade a été décidée pour arracher aux
mains des Turcs le Saint-Sépulcre ou le tombeau du
Christ (1096-1099). La seconde eut pour but de venir
en aide aux Français de Palestine, menacés dans Jérusalem
(1147-49). La troisième fut provoquée par la prise
de Jérusalem parSaladin (1189-1192). Letoile à seize
rais a été inscrite dans leur écu par les familles de Baux
et de Blacas, respectivement avant u g 3 et 1201. Elles
rappellent leur participation à l’une de ces croisades,
dont l’objectif était la défense du Saint-Sépulcre.
L’étoile du blason d’Albert de Baudinard doit Aire
interprétée de la même façon. Des étoiles à huit rais
(1) B la n c a r d , ibid.. pl. 66, n» 2, et pl 79, n° 2.
(2) Ibid, pl. 73, n» 3, t ■ - - - -àa,;. a
(3) Par suite d’erreurs manifestes, le nombre des rayons a ete redui
douze sur les sceaux de Raymond de Baux, vicomte de Marseille (tar.3
et 1220) et sur celui de Bertrand de Baux, son fils (1249). (B l a n c a r d , op. c.,
pp. 51-52). Il a été ramené à onze sur un sceau de Blacas (1201). On trouverait
des modifications analogues et même plus exagérées (six rayons, pl. 25,
n° 1), si l’on multipliait les recherches.