possèdent sur tel ou tel jeton des données intéressantes
qu’ils ne publient pas, ne voulant pas mettre au jour un
travail partiel: si les circonstances ne les amènent pas à
le compléter, souvent ce qu’ils savent reste éternellement
enfoui dans quelque cahier de notes; la rédaction d ’une
fiche du Répertoire tentera plusieurs de'ceux qui reculeraient
devant l’effort nécessaire à la composition d’un
coropendieux mémoire.
Nous ne croyons pas qu’il soit possible à l’heure
actuelle de rédiger d 'une venue un répertoire général
des Jetons des Pays-Bas. Tout au plus pourrait-on
arriver à une description matérielle des jetons connus,
et a les ranger en diverses catégories, avec plus de
méthode que ne l’ont fait jusqu’ici les auteurs qui se
sont consacrés à cette partie de la numismatique ; mais
celte sèche énumération ne serait encore qu’un acheminement
vers le répertoire définitif : on y arrivera plus
vite, et d’une manière plus intéressante, croyons-nous,
par le moyen qui nous avons suggéré.
Nous tenons, avant de terminer ces lignes, à rendre
un hommage mérité aux travaux d’auteurs que nous
avons critiqués plus haut. Certes, van Mieris, van Loon,
Dugniolle, de Coster, sont loin de répondre à tous les
desiderata. Telles qu’elles sont, néanmoins, leurs oeuvres
ont contribué à développer le goût du jeton, déblayé la
voie, réuni des matériaux d’étude; et si nous pouvons
envisager aujourd’hui la réalisation d’un Répertoire
définitif, c est grâce aux publications que nous devons à
ces laborieux devanciers.
Le Repertoire dont nous avons exposé le plan exigera
probablement de nombreuses années de travail; pour
que son sort ne soit pas lié à la fragilité d’une existence
humaine, il devra être placé sous le patronage d’un organisme
permanent, présentant des garanties de valeur
scientifique. Les sociétés de numismatique de Belgique
et de Hollande nous paraissent tout indiquées pour
assumer cette charge; elles pourraient recruter un
comité de rédaction et désigner des collaborateurs.
Le mode de publication que nous proposons a l’inconvénient
d’être coûteux ; mais comme la dépense se
trouvera répartie sur un grand nombre d’années, le prix
de l’abonnement annuel pourra être assez minime pour
ne pas effrayer ceux que la science du jeton intéresse, r
Il ne nous paraît pas téméraire, d’ailleurs, d ’escompter
pour cette publication un subside du Gouvernement.
Nos jetons sont les témoins éloquents des principaux
faits de notre histoire nationale; ils rappellent notre
organisation politique et administrative d’autrefois;
beaucoup d ’entre eux sont de petits chefs-d’oeuvre de
gravure. Leur étude approfondie est digne des encouragements
du Ministère des Sciences et des Arts : nous osons
espérer que, si notre projet se réalise, ils ne lui seront
pas refusés.
Bruges.
A l b e r t V is a r t d e B o c a r m é .