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 porte les messages  impériaux,  appendix  Victoria  lorsqu’elle  
 suit l’empereur;sur les monnaies elle est la Victoria  
 Augusti (2) et elle  prend  les  épithètes  de Perpetua  
 et aeterna (3).  Elle  a  donc  pris  comme  les  autres  divinités  
 allégoriques lecaractère d’un attribut de l’empereur. 
 Je  pourrais  continuer à  accumuler ces exemples, mais  
 pour ne  pas trop étendre  ce  travail,  il  faut  mieux  dégager  
 la synthèse  de  cette histoire des évolutions  des  divinités  
 allégoriques ;  toutes sont personnifiées  au  début  de  
 la période constantinienne, toutes finissent par n ’être plus  
 représentées  que  par  des  symboles,  des  scènes  ou  des  
 figures  symboliques. 
 Quelle  est  donc  l’origine  de  ces  symboles?  On  est  
 frappé  lorsque  l’on  étudie  le  recueil  des  Panegirici.  
 Latini,  de  la  place  qu’y  tiennent  les  idées néoplatoniciennes. 
  La divinité suprême, summa  divinitas ou divitia  
 mens  (4)  qu’ils  invoquent,  est  le  Dieu,  suprême,  tout  
 esprit du  Timée  de  Platon.  Une  démonologie  caractéristique  
 s’y  rencontre;  ce  sont par  exemple  les  légions  
 célestes  qui  ont  volé  au  secours  de  Constantin  sous  la  
 direction du  divus  Constantius  (dum  (5J  divinas  expe-  
 ditiones  jam  divus agitabat). 
 D’autre  part,  la  divinité  de  l’empereur,  numen  *6), 
 (1)  Paneg., VII,  c.  8. —  Paneg.,  X,  c.  32. 
 (2)  Voir  à  cet égard  tous les ateliers de l'empire de  Constantin. 
 (3)  Dans  la  légende  Victoriae  Lactae  Principis  perpetuae  et  Victoria  
 Aeierna  Aug(iisti\  N(ostri).  —  L ’aeternitas  est  un  attribut  de  la  divinité  
 impériale.  —  Paneg.,  VI,  c.  c.  11,  12. 
 (4)  Cette  expression  revient  plusieurs  fois  dans le  IXe panégyrique  prononcé  
 en 3 13,  dans le Pan eg .,  X, prononcé en  321. 
 (5)  Pan eg.,  X,  c.  14. 
 (6)  L’empereur  consulte  sa  propre  divinité  (quid  in  consilio  ni'si  divi-  
 num  numen  habuisti).  Paneg.  IX;  c . -4;  le numen  est la  divinité  présente  
 de  l’empereur  (præsenti  numini  tuo).  Voir  également  Paneg;,  111,  c.  I,  et 
 sert  de  support aux  qualités et  aux  vertus  qui  sont aussi  
 des esprits,  des démons dans le sens platonicien du  mot,  
 doués  d’une  existence  propre, mais  attachés  au  sort  de  
 1 empire  et de l’empereur. Ces êtres divins agissent indépendamment  
 de  la  volonté de  l’empereur;  ils  ont  remplacé  
 les génies qui lui étaient attachés ainsi qu’au peuple  
 romain  et à  l’armée.  Son  courage,  virtus,  massacre malgré  
 lui  ses  ennemis  dans  une  scène  de carnage  nocturne  
 près  de Vérone (i),  sa  piété  relève malgré  lui les villes  
 vaincues. Nous  assistons  donc  à  une  transformation  des  
 croyances païennes et nous remarquerons que  tandis  que  
 les  divinités  allégoriques  ont  été  particulièrement  en  
 honneur au déuxième et  au troisième  siècle,  avec la  philosophie  
 stoïcienne, le règne des vertus, des qualités, des  
 attributs  divinisés  devient  dominant  sous  le  règne  de  
 Constantin.  C’est à  l’influence  du  néoplatonieisme  que  
 l’on doit  ce  changement,  car  c’est  cette philosophie qui a  
 distingué,  isolé  et  divinisé  les  vertus  (2).  Mais  les  idées  
 qu’elle  a répandues, par  quelle voie les  a-t-elle  fait  parvenir  
 aux  rhéteurs  et  aux membres  de  la  chancellerie?  
 La  réponse  s’impose  pour  les  premiers.  C’est  par  les  
 écoles  publiques  (3),  dans  lesquelles  certains  de  ces  
 rhéteursenseignaieht.Les écoles eurentunegrande vogue  
 au IVe siècle parce qu’elles conservaient le culte des lettres  
 dont  le  passé  était  associé à  la  gloire  de Rome  et  parce  
 que  leur  enseignement  distinguait encore  la  civilisation 
 Paneg.,  IX,  c.  5 .  C'est  ce  que  M. Toutain  a  montré  également pour les  
 inscriptions dans  les cultes  païens, t.  I,  pp. 52,  53. 
 (î) Paneg.*  X,  c.  26,  quod solum virtutis tuae  impedimentum est, misera-  
 tionem tenebrae non  habent.  —  Quantum  illo  in  bello,  vis  tua  perfecerit,  
 pietate  non  retenta,  et majestate secura ;  en raison  de  la nuit qui  couvrait le  
 massacre de  son  voile et empêchait la piété. 
 (2)  Ce  travaîlest déjà achevé  dans  les  livres  d’Apulée  sur  la  doctrine  de  
 Platon  et le  dieu de Socrate.  . 
 ^3)  Eumène  a  enseigné  à  Autun.