il conclut avec lui un traité par lequel les deux seigneurs
s’engageaient à faire frapper monnaie pendant trois ans
à Luxembourg et à Damvillers, à Saint Mihiel et à
Étain, à leurs noms et à leurs armes, et ce à frais communs.
Voici, d’ailleurs, le texte de cette convention tel que
nous l’a conservé Dom Calmet (i) :
« Nous Jehan, par là grâce de Deu, roy de Bohême
» et comte de Lucembours, et Henry, comte de Bar, fai-
» sons savoir à tous que nous avons accordé et ottroyé
» par grande délibération et conseil pour le commun
» profit de nous et de notre pays, de faire monnoie
» ensemble d’un poids, d’un alloy et d’un prix au nom
» de nous et de nos armes ; lesquelles monnoyes nous
» roy et comte avons en convent l’un à l’autre en bonne
» foy, leaument de faire estre coursable par toutes nos
» deux comtés et en ressort d’icelles et les devons faire
» panre à tous nos cens, rentes et revenus pour le prix
» que faites seront, et doit cette compaignie durer du
» jours de Pâques commençant prochaines venant en
» trois ans en.suivant, l’un après l’autre sans moien, et
» s’il nous plaisoit à changer le poids de nos dittes
» monnoyes, fut plus fort, fut plus faibles, faire le pour-
» rons par commun accord, toute fois qu’il nous plai-
» roit, et pour ce ne se diferoit point la dite compagnie,
» les trois années durant, et doient estre faittes lesdites
» monnoyes en quatre lieux en nos dites comtés ou res-
» sorts, c’est assavoir : pour nous, roy de Bohême, en
'» nostre ville de Luxembourg et l’autre en nostre ville
» de Damvillers ou ailleurs en nostre comté de Lucem-
» bourg ou ressort, là où mieux nous plairoit, et pour
(1 ) Histoire de Loj'raine, t. IV, p . d c i i i .
» nous, comte du Bar, l ’un en nostre ville de Saint Mi-
» hiel, et l’autre en nostre ville de Sten, ou ailleurs en
» nostre comte de Bar ou ressort, là ou mieux nous
» plairoit, et sera le profit de nos dittes monnoyes de
v> moitié en moitié à nous roy et a nous comte susdits ;
» et les wardes desdittes monnoyes seront mises par le
» commun accord de nous deux et feront serment de
» warder le droit de nous deux bien et leaument, et les
» maîtres aussi. En témoignage desquelles choses nous
» avons ces présentes saielées de nos saiels; données à
» Verdun l’an de grâce mil trois cents et quarante et
» deux, le ixe jour du mois de mars. »
Ce traité, dont l ’origine coïncide, sans doute, avec
l’abandon fait par Philippe de Valois de la garde de Verdun
aux maisons de Luxembourg et de Bar, donna lieu,
bien que la mort du comte Henri, survenue le 24 décembre
i344, l’empêchât d’arriver à son terme, à un abondant
numéraire aux types du gros tournois, de la plaque
à l’écu écartelé de Luxembourg et de Bar et de ses divisions,
portant parfois l a . mention fort explicite de
SDONETX SOGCIOBVfR (1).
XII.
Charles IV, fils aîné de Jean l’Aveugle, couronné roi
des Romains le 25 juillet 134g, abandonna à son oncle
Baudouin, archevêque de Trêves, l’administration du
Luxembourg que son vieux père avait laissé a son fils
cadet WenceslaS, et l’autorisa à y exercer toutes les prérogatives
de la souveraineté. « Il put ainsi décider
» l’émission de nouvelles monnaies d or et d argent et
» régler le cours des espèces (2). »
(1 ) B er n a y s ' e t V a n n é r u s , Numismatique du Luxembourg, n " ’ 1 0 4 a 1 1 9 .
(2 ) R . S e r r u r e Essai de numismatique luxembourgeoise, p . 65.