talent. Mais ce ne furent que des essais d’un art qui ne
s’était pas encore formé.
D’ailleurs, l’art des plaquettes n’est pas l’art qui pourrait
se former spontanément. Dans la seconde moitié du
XIX6siècle on a vu surgir en France un groupe de sculpteurs
de grand talent qui ont perfectionné la technique
de cet art et ont émerveillé le monde avec les produits
d’un art extrêmement raffiné.
Depuis lors,il est impossible de s’occuper des médailles
et des plaquettes sans avoir étudié les oeuvres des artistes
français. Szârnovszky fut en Hongrie le premier à le
comprendre. Il n ’entendait point effacer son individualité;
il ne voulait pas imiter les Français, il ne voulait
que les étudier dans le sens admis dans l’art. C’est
ce que firent ensuite d autres éminents artistes hongrois,
encore sans que leur individualité en aurait été atteinte.
Mais au début, cette étude demande bien des sacrifices
au détriment de l’individualité de l’artiste.
En i 8g3, Szârnovszky ohlintune bourse de voyage et
se rendit à Paris avec l’intention bien arrêtée de se consacrer
a 1 art des médailles et plaquettes. Il absorba avec
un rare entendement l’atmosphère parfumée des plaquettes
françaises. Il rompit avec la tendance de ses
essais antérieurs ; il abandonna les surfaces articulées et
se mit à travailler sur des plans larges: il délaissa les
formes archaïques et dessina ses compositions avec la
routine accomplie des Français.
Malheureusement, on n ’a conservé qu’un petit nombre
parmi les oeuvres que Szârnovszky à créées à cette
époque. La médaille d ’État faite pour le Musée de l’art
décoratif est la meilleure et la plus accomplie. On
pourrait peut-être formuler la critique que l’artiste y a
voulu créer à tout prix un ouvrage irréprochable, un
effort qui se fait toujours au détriment de 1 individualité.
Ce fut sa dernière oeuvre qui entre dans le cadre de
notre étude. S’il avait pu continuer à modeler des plaquettes,
il aurait certainement fait valoir son individualité
et créer de oeuvres d’une grande valeur. Sa mort
précoce l’en a empêché.
Sa carrière présente encore d’autres motifs de regrets.
C’est que cet artiste,qui a si bien pénétré dans les secrets
de l’art des plaquettes, n’a pas cherché des collaborateurs
ou des élèves et qu’il n ’a pas réussi à mettre en
éveil l’intérêt du public pour son art, de sorte que ses
oeuvres ne marquent pas encore l’ère du développement
systématique de la médaille moderne hongroise.
Mais il a eu un contemporain, un jeune artiste hongrois,
qui s’est spontanément mis à l’oeuvre pour créer
la plaquette hongroise moderne et qui a parfaitement
réussi. Ce jeune artiste est O. Philippe Beck.
Philippe Beck est né en 1871. Il fit ses premières
études à l’École de l’art décoratif à Budapest, chez
Antoine Lôrânfi. Mais c’est à Venise et puis à Vienne
qu’il vit les premiers spécimens de la médaille tout à fait
moderne. En 1893, à 1 âge de vingt-deux ans, il vit à
Vienne les chefs-d’oeuvre qui l’inspirèrent à faire sa
première plaquette moderne, celle de sa mère, et à se
perfectionner dans l’art du médailleur.
Il repartit pour Paris, se fit admettre à la classe de
sculpture de médailles et devint l’élève du grand
Ponscarme. Il ne put pas y rester longtemps, mais son
court passage à Paris lui suffit pour le saturer d ’impressions
de la sculpture française moderne.
Rentré en Hongrie, il continua ses études avec la plus
forte ambition et trouva bientôt l’occasion de se distinguer.
En 1896, lorsque la nation hongroise organisa une