l’or devrait être cause que les premiers essais d’un
florin d’or polonais restèrent seulement une monnaie
d’essai et de manifestation : le roi, ne possédant pas de
mines d’or et ne pouvait toujours acheter les monnaies
étrangères pour les faire rebattre denouveau. C’est pourquoi
deux cents ans se sont passés avant qu’on essayât de
nouveau de battre des florins polonais.
Cependant la situation monétaire s’était modifiée. Pendant
le XIVe siècle règne toujours en Pologne le gros
bohémien, mais près de lui l’or florentin commence à
jouer un rôle important. Il est bien connu que les banquiers
florentins avaient des maisons dans toutes les
villes commerciales de 1 Europe,etsouvent intervenaient
entre la Curie apostolique et les collecteurs du Denier
de Saint-Pierre. En Pologne opère, déjà en 1287, la
maison banquière d’Alfani de Florènce (1). Plus tard,
nous voyons des Italiens à Prague, Ligniz et Breslau (2),
qui étaient spécialement introduits comme les môn-
nayeurs. Nous supposons que le ducat de Ladislas I est
sorti aussi de la main de Florentins. Quant on a ouvert
pour la deuxième fois la Monnaie à Gracovie, en i 3g3 ,
l’administrateur était l’Italien Monaldo; plus tard, en
i 4o3, le fermier de cet hôtel était aussi un Italien,
Simon deTalentis, associé avec André Czarnysza, de Cracovie
(3). En 1406 la ville de Florence recommande au
roiLadislas Jagiello un monnayeur, Leonardo Badtolini,
et un banquier, Pierre Bicchierarius, de Venise, en
envoyant deux lions africains comme cadeau (4).
Ce sont des preuves des relations très intimes de
(1 ) T h e i n e r . Veterà rnonumenta Poloniae, 1 0 0 .
( 2 ) F r ie d e n s b u r g Schlesiens Mîin ^gesch i ch te im M.ittelalter.
(3) P iek o s in sk i. De la monnaie pol. au X IV 0 et XV* siècle (p o lo n .).
(4) Codex epistularis seculi X V , I, 25.
la Pologne avec Florence, et de là le florin italien était la
seule monnaie qui avait cour£ dans le grand commerce
de notre pays à côté des gros. On comptait en florins
pendant tout le XIVe siècle dans toutes les bulles et lettres
papales; de même, tous les contracts et payements internationaux
se font en florins ou en gros bohémiens. Ainsi,
par la paix de Kaliscb en 1343, l ’Ordre Teutonique
s’obligea à payer au roi Casimir 10,000 florins et on a
accentué distinctement que ce doit etre d ’or florentin de
première qualité.
Le fait que le roi Louis d’Hongrie a emprunté vers
1370. à un juif, Lévék de Cravovie, 3o,ooo florins, et
que le prince Ladislas d ’Opole, en cédant la terre Dobr-
zyn à l’Ordre Teutonique, a reçu 5o,ooo florins, témoignent
de l’importance des sommes d’or qui se maniaient
en Pologne. Mais ce sont des sommes si grandes, qu’on
ne peut pas toujours les considérer comme réelles. Il faut
envisager ici le florin comme moyen de garantir la valeur
en cas de baisse du cours. On le voit très bien dans la quittance
de 1000 florins de la reine Élisabeth en i 36g,
somme qu elle acquitta, pourtant « in légitima moneta
ponderis Regni Poloniae », en comptant un florin à
quatorze gros. Le florin fut regardé plutôt comme une
unité de calcul (une monnaie de compte), comme une
monnaie idéale, qui garantit la valeur, d autant plus,
qu’on ne pouvait se le procurer en nature qu’avec difficulté.
Les comptes de la ville de Cracovie de la fin du
XIVe siècle, notent souvent la dépense pour l’achat de
florins destinés à l’envoi à Rome (l). Pareillement, le
roi Ladislas II Jagiello achète des florins, tantôt pour
(1) I-es plus anciens livres de compte de Cracovie. Piekosinski.