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Auguste, qui avait fait frapper l’argent de l’an a5 à l’an 3 1,
a congédié son personnel, et, décrétant deux autres émissions,
à cinq et six ans d’intervalle, a dû s adresser à
celui de la ville moyennant quelques concessions. On a
l’impression que le même corps d’ouvriers qui avaient
exécuté les tétradrachmes d’Auguste à la Tyché, frappèrent
deux de 36 et de /p : mais, évidemment, ces gens-
là avaient été employés par la ville entre-temps. Le
personnel des aurei et des deniers se recrutait comme
succursale de Rome; celui des autres monnaies ne devait
composer qu’un groupe, travaillant tantôt pour 1 empereur,
tantôt pour la ville, et M. Macdonald a découvert
une corrélation entre la frappe des tétradrachmes et celle
des monnaies de bronze.
Ainsi, de nos tétradrachmes, les uns sont bien impériaux
et les autres municipaux, comme le dit M. Piçk, si
l’on prend pour guide la légende, mais cette assertion a
besoin de quelques correctifs: dans 1 espèce, nous
sommes convaincu que la ville d’Antioche a dû acquitter
un certain droit de rachat.
Dans les années suivantes, c’est Laodicée et Séleucie
qui monnayent l’argent à leur nom; de plus, sous Tibère
et Claude, il est frappé deux fois une monnaie d’Empire
à Laodicée. Nous ne dirons pas : une succursale est
établie à Laodicée, mais plutôt : une frappe d Empire
est concédée à cette ville, sans doute avec partage des
profits (i). On comprend en effet, d’après ce qui a été
dit, que la frappe d’Empire était regardée comme une
(i) Ces monnaies sont distinctes comme type de la monnaie d’argent contemporaine
de Laodicée, mais néanmoins à un type laodicéen, le Zeus n icé-
p h o re assis des anciens tétradrachmes autonomes de la ville, avec les initiales
des noms de magistrats locaux, et l’une d’elles avec les initiales AA dans le
champ. (Imhoof-Blumer, M.gr., pp. 439-440.)
faveur, à peine distincte du droit de monnayer l’argent,
dont le gouvernement central se servit pour entretenir '
l’émulation des grandes villes de Syrie. Sous Claude et
au commencement du règne de Néron sont frappés,
vraisemblablement dans la capitale, des tétradrachmes à
deux effigies, quelques-uns de langue latine; enfin, eit
l’an 6 de Néron, commence à Antioche l’importante série
des monnaies d’Empire à l’aigle.
L’aigle peut rappeler les origines-d’Antioche, mais convient
également à d’autres villes de Syrie ; c’est en même
temps un symbole romain emprunté aux légions. Ces
monnaies n ’ont de rigoureusement spécial à Antioche
que la date césarienne, d’ailleurs jointe à l’année de règne
de l’empereur; puis la légende ©TOYC N3 0Y I3 P0Y, qui
est une façon locale de compter les années de règne,
donne aux monnaies d’Empire de cette région une physionomie
propre. Trajan fait même disparaître cette
particularité; à partir de lui, les monnaies sont datées
par les consulats de l’empereur (et même un moment par
ses puissances tribunices). Puis, comme les Romains ne
se sentaient pas pressés d’établir l’uniformité de leur
domination, la Tyché assise avec l’Oronte reparaît sous
Hadrien, et la cuisse d’animal dans les serres de l’aigle
est encore un symbole local, de même que la petite tête
de bélier sous Commode.
C’est une question de savoir si, les monnaies à l’aigle
sur le foudre étant d ’Antioche, celles qui ont l’aigle sur
la massue ne seraient pas de Tyr. En ce cas, on pourrait
dire que l’empereur commanda des monnaies à l’atelier
de Tyr en même temps qu’à célui d’Antioche, et que la
Phénicie sortit de la clientèle de notre métropole. Chypre,
de son côté, frappa quelques tétradrachmes d’Empire,
mais peu de temps.