» appréciée et évaluée selon son juste prix et valeur par
» les communs estimateurs susdits. »
On connaît deux pièces qui rappellent cette convention
monétaire, où pour la première fois il est donné comme
motif de conclusion l’intérêt « du commerce et du négoce
». La plus grande est un blanc au lion portant les
noms des dèux princes et celui des ateliers GTfPDEn
— LOV7Tin, qui les frappèrent, la plus petite est un
quart de blanc au même type (i).
Ainsi que le remarque judicieusement Gaillard dans
ses Recherches sur les monnaies des comtes de Flandre,
ces blancs doivent être considérés comme des monnaies
commémoratives de l’alliance. Elles avaient pour objet
d’indiquer le type, le poids et l’aloi qui avaient été
choisis pour les espèces que les contractants s’engageaient
désormais à frapper, c’est en quelque sorte des étalons
monétaires.
Il n’est pas téméraire de croire que l’évêque d’Utrecht,
Jean de Diest, le comte de Gueldre Renaud et le comte
de Hollande Guillaume, adhérèrent à cette union monétaire
anti-française, car tous fabriquèrent des blancs et
des quarts de blanc au lion et une évaluation du temps
de l’évêque Jean porte : « Nyve groten, die men heyt
» ghesellen, die slaen doen die herthogevan Brabant, die
» hertoghe van Gheldre, die grave van Flaenderen, die
» grave van Holland, voor twalf penninghe swaert. » Or
ghesellen munten ne peut se traduire que par monnaies
d ’association ou de société.
X.
A la ligue monétaire des princes des bords de l’Es-
(1) Histoire monétaire des ducs de B rabant, t. I, nos 38o-382.
caut, amis de l'Angleterre et dépendants d ’elle pour leur
commerce de laine et de drap et leur navigation, vient
faire contrepoids la triple union monétaire des seigneurs
riverains de la Meuse, amis de la France, Jean de,/Bohe-
me. comte de Luxembourg(iSog-1346^, Adolphe delà
Mark, évêque de Liège ( i 3 i 3 - i 3 4 5 ) , et Guillaume I,
comte de Namur (1347-1391). Si aucun document écrit
rappelant cette entente n’est parvenu jusqu’à nous,deux
monnaies frappées à Namur viennent en établir l’existence.
La première, un blanc au lion, opposée au blanc au
lion G7ÎRDER - LOV7î i n de Louis de Grécy et de
Jean III, porte les noms des trois alliés IObj’S RE2C
BOEM, KDVLPIj EPS, GVILLi COM (1); la seconde,un
demi-gros à tête, opposée au demi-gros à tête, nostra
moneta, d’Édouard et de Jean III, est marquée des
mêmes noms et présente,au revers, l’inscription MOREFE
I2R2Ï N2ÎMVR au lieu et place du MOREnfZÎ PR 2Î
TîOTWoRPISR ¿es pièces anversoises.
L’intention est, ici, indéniable et jamais, pensons-
nous, l’antagonisme politique n’eût une répercussion
aussi tangible sur le numéraire des belligérants.
XI.
Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg, le chevaleresque
partisan de Philippe de A alois, qui devait quelques
années plus tard rencontrer un trépas glorieux en
combattant dans les rangs français à la sanglante bataille
de Crécy, ne s’en tint pas là. Se trouvant à Verdun, en
même temps que le comte de Bar, Henri IV (1337-1344);
(1 ) C h a l o n . Recherches sur les monnaies des comtes de Namur, n ° 1 7 1 .